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Requins à La Réunion

-une tragédie moderne-

MISE AU POINT sur les vigies requin

 La tournure de l'article ci-dessous du mardi 15 mai 2018 pourrait laisser penser que je suis "contre" ce dispositif, puisque "je le critique" régulièrement.

Les tenants et aboutissants restent méconnus, alors je reprends l'essentiel, et désolé si c’est un peu long, mais il faut bien comprendre avant de juger...

JE NE SUIS PAS CONTRE LE DISPOSITIF VIGIE !

Je suis CONTRE le fait qu'un dispositif prévu pour être provisoire, sous prétexte que c'est le seul "qui marche" (et qu'il fait l'unanimité car il ne nécessiterait pas de toucher aux requins bouledogue) devienne insidieusement LA SEULE perspective d'avenir dans un contexte de prolongation indéfinie d'une interdiction "provisoire" ! 

1) contraintes temporelles :

 Déjà, il ne peut fonctionner qu’entre 9h et 15h, or les meilleures conditions de pratique sont justement le matin tôt et en deuxième partie d'après-midi car c'est là où le vent est le plus propice, et en plus permet d'éviter un soleil mortel sous nos latitudes.

Par ailleurs, le dispositif fonctionne du mercredi au dimanche. Et parfois ironie du sort, les conditions sont bonnes le lundi mardi, et ne le sont plus le mercredi ou le dimanche. En décembre 2017 et en avril 2018, les compétitions prévues un samedi et dimanche ont été reportés jusqu’à quatre fois car à chaque fois les vagues étaient trop grosses… ou inexistantes.

2) contraintes géographiques et structurelles :

  les contraintes techniques avant pendant et après le déploiement sont lourdes. Il faut déjà un repérage le matin par une équipe en bateau qui va tester la visibilité sur des spots. Les bateaux étant basés à Saint-Gilles ils ne peuvent pas aller trop loin, ce qui limite le rayon de déploiement. Une fois le lieu décidé, il faut acheminer tout le matériel et l’installer (tentes, moyens de surveillance, matériel technique,etc.), et ensuite tout le personnel nécessaire[1].

 Au moindre changement de conditions météo (houle qui forci, visibilité moindre, etc) tout est arrêté et désinstallé.

 A la base, lors de leur création en 2012, les vigies requin fonctionnaient avec une structure simplifiée. Mais lorsqu’ils ont souhaité dépasser le stade expérimental, la nécessité d’une validation scientifique en 2014 (non obtenue) avait conduit à renforcer le nombre de personnes, en multipliant les moyens de surveillance (bateau, jet ski, drone, caméras immergées etc.)

 Désormais c’est un dispositif lourd, et imaginer reproduire une telle structure un peu partout dans l’île apparaît comme très compliqué, surtout en regard des nombreuses contraintes budgétaires, matérielles conjuguées à une faible ouvrabilité.

 Du fait de ces contraintes techniques et d'organisation, nécessitant une anticipation (choix du lieu de l'horaire en amont), toute idée de souplesse dans le choix du lieu et du moment est difficile à envisager.

 Or, l'essence du surf est fondé sur le caractère éphémère et incertain des lieux de pratique, pouvant changer à tout instant à cause d'un courant, du vent de la marée de la hauteur ou de l'orientation des vagues[2].

 De plus, la configuration géographique et géologique de notre île fait que nous sommes souvent exposés à des trains de houle particulièrement puissante et « longues » (en durée et en amplitude) supérieure à la limite des 1,50 m de taille de houle au-delà de laquelle le dispositif ne peut pas se déployer pour cause de visibilité insuffisante.

3) Contraintes liées à la qualité des vagues:

 Les seuls lieux de pratique actuellement sont des vagues difficiles directement sur le corail, dangereuses à marée basse les brisants, Hermitage, les aigrettes, petit boucan… de surcroît extrêmement sensibles aux moindres variations météos : le vent qui souffle en journée rend les vagues de ces spots souvent exécrables :(

 A côté de cela, des vagues comme Saint Leu ou encore Saint-Pierre, non concernés par ce dispositif, offrent des qualités de pratiques exceptionnelles, de classe mondiale, auxquelles les pratiquants libres ne peuvent résister.

 Il faut savoir que lorsque ce dispositif se déploie sur un spot, ils sont obligés de faire sortir de l’eau tous les autres pratiquants, et n’hésite pas à faire appel aux gendarmes[3].

 Actuellement ce dispositif est restreint aux 4 spots précités, situés sur la commune de Saint-Paul, la seule à l’avoir accepté.

 Il y a le projet actuellement de les déployer sur d’autres spots, tels que saint-pierre, mais la forte exposition à la houle et le grand linéaire de ce spot (conjuguée à la présence de nombreux locaux libres dont la gestion s’avèrerait compliquée) compromet cette hypothèse[4].

4) contraintes techniques de déploiement : visibilité et taille des vagues

 les conditions visibilité de 10 (à 8 m) constituent le PIRE aménagement qui pouvait nous être imposé, et à ce titre avait également été promis comme « PROVISOIRE » :(

En effet NULLE PART dans le monde la visibilité de l'eau est un critère de pratique, ni en Australie, ni à Tahiti, ni aux États-Unis, encore moins à Hawaï où les compétitions du championnat du monde professionnel se déroulent même à des embouchures de rivières dans l'eau boueuse.

Non, partout sur la planète tout le monde se moque royalement de la turbidité de l’eau, et au pire dans des zones réputées dangereuses, les pratiquants ont juste « un peu plus » d'appréhension[5]

 Il faut bien comprendre que les fonds marins sont jonchés de sédiments, qui se retrouve en suspension dès qu’il y a des vagues.

 Et ironie du sort, l’île de la Réunion et l’endroit de la planète où il y a le plus de sédiments puisque nous explosons tous les records mondiaux en pluviométrie avec des torrents de boues qui se jettent dans la mer chaque saison des pluies.

Vue du spot de st Pierre après les fortes pluies 2018. Il faut 2 semaines pour retrouver une visibilité suffisante pour les vigies (Crédit image IPR Réunion)

 Vous n’avez pas rêvé, c’est dans l’île avec la plus forte turbidité de la planète que l’on a inventé un dispositif... nécessitant de l’eau claire.

 De ce fait, la visibilité empêche le déploiement des vigies quasi systématiquement lorsque les vagues dépassent les 1,50 m, taille ridicule en regard des potentialités de nos spots.

 Du fait de ces contraintes, les vigies ne peuvent fonctionner que lorsque les vagues sont comprises entre 50 cm et 1,50 m, et en dehors des périodes de fortes pluies qui troublent l’eau, c’est-à-dire rarement[6].

 Le dispositif portait en lui dès sa création les germes même de la mort du (vrai) surf, tel qu'il se pratique partout dans le monde, et c'est pour cela notamment qu'il avait été pensé à titre « provisoire »....

5) contraintes liées à l’étroitesse du dispositif de la zone sécurisable » entraînant une « sureffectif »

 les 3 binômes de vigies doivent réaliser, dans le cadre du protocole, des allers-retours, en restant à vue les uns des autres. De ce fait ils ne peuvent couvrir efficacement qu’une zone de pratique bien inférieure à 100 m de linéaire.

 Or, la plupart des spots déroule vers la gauche ou vers la droite, avec des longueurs de vagues bien supérieures à 100 m. Et cela sans compter le courant, qui exercent un reflux vers le large, excentrant les pratiquants de l’étroite zone surveillée[7].

 Ce talon d’Achille parfaitement identifié a nécessité l’utilisation de drones, l’ajout d’un jet-ski, et l’équipement des 2 bateaux avec des caméras immergées.

 C’est la seule façon pour eux d’arriver à compenser les « zones d’ombre », impossible à surveiller par les vigies eux-mêmes.

 Ces contraintes de couverture de la zone conduisent à la restreindre au minimum, c’est-à-dire qu’il n’y a qu’un seul « pic » (endroit où casse une seule vague) qui peut être surveillée à la fois, alors que ce dispositif accueille jusqu’à 24 personnes en même temps.

 24 personnes sur UN SEUL pic dans des petits conditions, cela constitue des conditions de pratique inacceptables partout dans le monde : c’est la guerre et la loi de la jungle dans l’eau[8].

6) contraintes d’éligibilité pour pouvoir en profiter

Pour pouvoir profiter de ce dispositif, il faut une licence et une petite cotisation (environ 100 € au total), il faut un certificat médical, son groupe sanguin au cas où, une attestation comme quoi on s’engage à ne pas poursuivre ce dispositif en cas d’attaque puisqu’il ne peut garantir un « risque zéro », et surtout une feuille d’engagement à ne pas se mettre en dehors des « zones et créneaux surveillés », c’est-à-dire en dehors de ce dispositif.

  Or tout le monde sait dans notre communauté qu’il y a deux ans, plusieurs jeunes champions se sont faits exclure parce « qu’ils surfaient en dehors », et qu’il régnait une « chasse aux sorcières ». Celle-ci s’est estompée avec l’exclusion des personnes ciblées.

 Aujourd’hui, tout le monde sait pertinemment que bon nombre des personnes qui profitent de ce dispositif (et qui y travaille) surfent « en dehors » régulièrement, sans être inquiété.

Traitements à deux vitesses, qui vous en conviendrez, n’est pas sans poser des questions d’éthique[9].

7) contraintes de pénibilité, liées au caractère éprouvant de ce travail.

Qui parmi les lecteurs connaît ce que c’est de passer plusieurs heures immergées dans l’eau tous les jours ?

 Même avec une bonne combinaison à l’île de la Réunion, on a froid, on a des crampes, on a la peau qui se desquame, on est seule face à soi-même, pas de téléphone, ou d’échange avec quiconque.

 Lorsque l’on pratique de l’apnée, voire mieux de la chasse en apnée, ni en quête permanente de poissons à observer à capturer. Cela permet un focus, une concentration qui fait oublier les contraintes, mais surtout les déplacements nécessaires dans l’océan et repousse le moment où on va avoir froid.

 Or justement les vigies requin n’ont rien de tout cela, même s’il se relaye, ils font juste des allers-retours pendant des heures à vitesse très modérée (renforce la sensation de froid) dans des endroits proches du rivage, complètement inintéressants. Et sachant qu’ils ont l’obligation professionnelle de rester concentrés sur l’observation de la colonne d’eau c’est-à-dire de rien ou presque ils n’ont devant eux que leurs camarades, des vagues et des pratiquants vu de dessous, ou encore le fond des bateaux avoisinants.

 Tous ceux qui connaissent en quoi consiste réellement ce travail savent que l’équipe de vigies en place est composée de personnes solides psychologiquement, pour pouvoir résister à de telles conditions de travail[10].

 Dans ces conditions, il apparaît extrêmement compliquer imaginer recruter une nouvelle équipe de 14 soldats. Là encore c’est un élément primordial pourtant gardé sous silence.  Ils Ils sont nombreux à être tentés par ce métier, mais n’est pas vigie qui veut[11].

8) contraintes liées au déploiement dans un « parc à requin » :

 bien évidemment que que ce dispositif est une raison d’être, il faut qu’il y ait un risque requin. Mais quand on connaît les grandes capacités d’adaptation, d’habituation et de désinhibition de ces prédateurs, mieux vaut avoir en complément des mesures permettant de limiter au maximum leur présence à proximité.

 Les signalements étaient quasi inexistants entre 2012 et 2016. Depuis deux ans ils sont de plus en plus régulier et le tout dernier le dimanche 13 mai 2018, le requin était juste à quelques mètres.

 On ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec les filets qui bien évidemment comme cela est communément admis en matière de comportement des requins ont joué un effet répulsif au début : les animaux sauvages se méfiant des structures artificielles créées par l’humain.

 Mais dans un deuxième temps, lorsqu’ils se sont habitués et qu’ils ont vu que celle-ci ne présente pas de danger pour eux, avec des proies potentielles à l’intérieur, le prédateur fini par prendre le risque de venir se servir, à l’instar d’un renard face à un poulailler.

 Dans la nature et depuis la nuit des temps, les relations entre les êtres vivants n’obéissent qu’à une seule règle : soit on est une proie, soit on est un prédateur.

Avant la Réserve Marine, les humains d’une façon générale étaient perçus prioritairement comme un prédateur puisque ils exerçaient toutes sortes d’activités de pêche dans cette zone ouest, également balnéaire.

Depuis 2011, nous sommes face à une recrudescence des attaques dans ce secteur, c’est bien malheureusement la mise en place de la réserve marine en 2007 a conduit conformément aux données disponibles à la désinhibition des prédateurs vis-à-vis de l’humain, n’étant plus perçue comme une menace « L’homme n’intervenant plus sur le milieu en tant que prédateur, il n'est plus perçu alors comme une menace[12] ».

 La question se pose alors vis-à-vis du dispositif des vigies qui fonctionne depuis un certain temps, et que les requins du coin ont les probablement « identifié » comme ne présentant pas une « menace »[13].

 Ne risque-t-on pas un jour, notamment à l’approche de l’hiver, période où les proies habituelles des squales se raréfient, de se retrouver face à un requin qui ne percevant plus l’homme comme une menace, pourrait « tenter sa chance » ?

 C’est pour cette raison que nous nous inquiétons du déploiement de ce dispositif dans « une Réserve à requins bouledogue ».

 Comment l’état peut-il décemment pousser les vigies à entrer dans l’eau, sans mettre en place tous les moyens nécessaires pour réduire le risque ?

 C’est tout simplement édifiant de constater, qu’alors que l’état devrait au contraire accompagner ce dispositif de TOUTES les mesures susceptibles de réduire le risque au vu des enjeux (vies humaines), il ne le fait pas

Il refuse toujours d’assouplir la réglementation de la Réserve Marine, permettant le retour des activités traditionnelles de pêche, seule et unique issue susceptible de réexercer une pression territoriale, nécessaire au maintien des requins à bonne distance de la zone balnéaire, comme cela était le cas auparavant.

Comment la ligue de surf peut-elle accepter indéfiniment une telle situation, alors que en cas d’attaque c’est sa responsabilité qui sera engagée[14] ?

 Car c’est bien l’état qui détient les clés du parc à requins, et il ne fait rien, ou presque. Toutes les démarches engagées depuis ces années se sont soldées par un refus catégorique. Cette situation extrêmement préoccupante, pourtant ne préoccupe personne….

 9) Une vitrine au service d’une absence de volonté de résolution

Le fait qu’à chaque fois qu’un nouveau préfet ou un ministre vient, ils organisent en urgence une démonstration, et donne l’illusion que « tout va bien ». Ensuite, ils ne tarissent pas d’éloges, puisqu’ils ont pu voir par eux-mêmes que « des jeunes sont dans l’eau en sécurité » … sans s’interroger sur le caractère dérisoire, onéreux, ou encore contraignant de ce dispositif.

Une vitrine : visite ministre des sports 11 juin 2015 avec maire sous-préfet, élue région, président ligue

Visite ministre de l'Outre mer 09 octobre 2018, avec maire sous-préfet, élue région, président ligue. 3 ans et demi après, à part ça rien n'a bougé...

Il serait pourtant extrêmement judicieux de leur montrer également la zone balnéaire sinistrée les plages désertes, et surtout les centaines de résistants qui sont dans l’eau sans aucune protection, sur les spots alentours, où une attaque peut survenir à tout moment[15].

La délégation de service public fait de la ligue de surf un organe sous tutelle du ministère des sports, c’est-à-dire de l’état. Il y a clairement des directives conduisant cette institution sportive a accepter la situation sans broncher, sous peine d’être menacé de disparition. Oui la ligue n’a pas le choix, c’est marche (en sursis, et surtout en silence)… ou crève…

 Alors, bien évidemment OUI C’EST MIEUX QUE RIEN, ET C’EST LA SEULE CHOSE QUI MARCHE !

 Il n’a d’ailleurs jamais été question pour moi de remettre en cause ce principe. Les vigies permettent aux quelques licenciés raisonnables d’avoir encore un « contact » sécurisé avec l’océan, mais que ces derniers, ne rêvent pas de gloire aussi méritant soient-ils, avec des conditions d’entraînement aussi dérisoire.

 En conclusion :

Le dispositif vigie effectivement c’est mieux que rien, mais en aucun cas c’est un dispositif généralisable qui pourrait solutionner la crise, et en aucun cas il pourrait suffire à faire baisser significativement le taux de risque à l’île de la Réunion.

 Et peut-être même que bien au contraire, en faisant miroiter la carotte d’un firmament sportif à des jeunes passionnés, les frustrations engendrées par les maigres et médiocres créneaux proposés, pourraient les conduire à transgresser les règles en surfant en dehors de ce dispositif. C’est d’ailleurs déjà le cas, et depuis un moment déjà…

 Dans ces conditions, les vigies requins doivent impérativement, et le plus rapidement possible, s’accompagner d’un aboutissement définitif de l’ensemble des mesures revendiquées dans le cadre du plan global, pour en finir avec ce grand n’importe quoi qui nous est imposé par les autorités depuis tant d’années.

Le fonctionnement de ce dispositif


[1] Il faut 34 salariés pour pouvoir déployer le dispositif sur un spot avec 1, 2 voir trois créneaux. Les surfeurs sont prévenus une demi-heure à une heure avant maximum via les réseaux sociaux du choix du lieu, de l’horaire, et du public concerné (haut niveau, simples licenciés, etc.)

[2] Bien souvent les conditions proposées sont médiocres, alors que à quelques kilomètres de là, les vagues sont parfaites, générant des frustrations (d’autant plus que les vagues parfaites –sans sécurisation- sont prises d’assaut par les pratiquants libres, hors dispositif)

[3] C’est le cas à l’Hermitage avec un conflit d’usage qui se durcit entre les pratiquants libres expulsés avec l’aide des forces de l’ordre, alors qu’ils sont dans l’eau le matin, avant que ce dispositif décide de s’y déployer. Idem s’ils souhaitent se mettre à l’eau alors ne font pas parti de ce dispositif, et même sur la vague opposée, non sécurisée, située en vis-à-vis à 200 m.

[4]  Le déploiement annoncé par la commune de Saint-Paul est juste une manœuvre politique illusoire, car cela nécessiterait de doubler les équipes ce qui est difficilement envisageable et rentable, notamment en regard de la très faible ouvrabilité sur le spot des roches noires chargé en permanence de sédiments. Et pour Saint-Leu, cela a été abandonné car la vague déroule sur 400 m, c’est tout simplement irréaliste.

[5] Il y a un véritable tabou sur cette donnée puisque tout le monde se garde bien de mentionner elle nous ridiculise vis-à-vis de tous les surfeurs de la planète, lorsqu'ils comprennent en quoi consiste ce dispositif.

[6] Pour les quatre premiers mois de l’année 2018, il n’y aura même pas 20 créneaux de pratiques ouverts, avec une vingtaine de personnes en moyenne, soit en moyenne un par semaine !!!!

 A un budget annuel de 650 000 €, cela entraîne un coût astronomique par session et par pratiquant dépassant largement les 500 € par personne, par créneau de deux à trois heures !

[7] Le principe même de fonctionnement d’une vague s’associe avec la présence d’une passe, qui permet le reflux des masses d’eau apportée sur le rivage par la houle. Ce reflux génère un courant proportionnel au volume d’eau déplacée, emportant tout sur son passage, notamment les pratiquants. Or, il est impossible pour un vigie de se maintenir en statique dans un courant modéré, il ne peut que le traverser, ou se maintenir en bordure de celui-ci.

[8] Les meilleurs pratiquants prennent les meilleurs vagues, et les moins bons prennent que des ruines, voire parfois rien du tout. Cette situation a d’ailleurs dégoûté énormément de monde, qui bien souvent finissent par retourner au surf libre. Les seuls finalement qui acceptent ces contraintes de « surpopulation », sont ceux qui n’ont pas le choix.

[9] Et nous ne parlerons pas des dérives de gouvernance qui ont amené de nombreux cadres techniques à jeter l’éponge, et même à quitter l’île, car il n’avait plus aucun pouvoir de décision. Les critères de discipline et de docilité ayant pris le dessus sur les qualités sportives…

[10] Beaucoup avant eux ont abandonné. Se posent également la question de la longévité des salariés à ce poste au vu de la pénibilité (difficile d’imaginer faire cela jusqu’à la retraite)

[11] Et ne parlons pas de leur angoisse de savoir qu’à tout moment ils peuvent être face à un requin, ou pire une attaque. Les deux morts de l’année 2017 Alexandre et Adrien sont 2 anciens vigies, la plupart des qui continue de surfer (en surf libre en dehors de ce dispositif bien évidemment) ou sont chasseurs sous-marin, et certains ont même assisté à des attaques en direct.

[12] (Russ, 1991 ; Wantiez et al.,1997, source p.28))

[13] De surcroît ils ne sont pas armés, après avoir obtenu le droit d’être équipé de fusils sous-marins avec des flèches « mouchetées », ils ont fini par les abandonner au profit d’un bâton conservé à la taille, du fait des contraintes de fatigue liée à la tenue de cet engin pendant des heures sous l’eau.

[14] Et non celle de l’état, qui pourtant l’envoi droit dans le mur cela aura été le cas pour la mairies de Saint-Paul et ses filets

[15] Là, bien évidemment, nos grands élus refusent la visite. Ils ne veulent pas se retrouver face à la réalité. Ils ne veulent pas se retrouver dans une telle situation, d’autant que l’interdiction en vigueur engagerait directement leur responsabilité (au moins morale) s’ils assistaient une attaque en direct, alors que les forces de l’ordre (assistant quotidiennement ces infractions en flagrant délit) n’interviennent plus pour faire cesser ce trouble manifeste et caractérisé.