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Requins à La Réunion

-une tragédie moderne-

The Economist : "Pourquoi autant d'attaques à l'île de la Réunion ?""

 

 le positionnement courageux récent de la grande star mondiale du surf Kelly Slater fin février 2017, en faveur d'une régulation des requins bouledogue à la Réunion, continue de faire des vagues, cette fois-ci dans la presse économique. La gestion désastreuse de la crise requin par le gouvernement français conduit à dégrader année après année l'image de notre île jusqu'à l'international.

Traduction d'un article du plus grand magazine économique mondial "The Economist" du 7 mars 2017 :

Voir l'original ici : http://www.economist.com/blogs/economist-explains/2017/03/economist-explains-3?fsrc=gp_en?fsrc=scn/fb/te/bl/ed/whysharkattacksareontheriseinrunion

"Quand Julien Creedon quitte Jersey pour La Réunion en 2006, l’île semble être un paradis pour les surfeurs : “Sable blanc, superbes vagues, c’était parfait.”

Mais le mois dernier Alexandre Naussac, un jeune surfeur de 26 ans, est devenu le huitième décès dû à une attaque de requin dans les eaux de la Réunion depuis 2011. Ces six dernières années, jusqu’à 20 personnes se sont faites attaquées par des requins à la Réunion.

En termes d’attaques mortelles, la petite île tient le premier rang. Pourquoi les eaux réunionnaises sont-elles si dangereuses ?

10 ans plus tôt, les attaques de requins étaient rares sur l’île. Celles-ci arrivaient principalement sur la côte ouest, la plupart du temps sur des touristes et des surfeurs. “Tout a changé en 2011”, raconte Mr Creedon.

Cette seule année, il y a eu 6 attaques, dont 5 dans la zone touristique de Saint-Gilles Les Bains (en photo). Depuis les chiffres ont constamment augmentés, avec 3 attaques en 6 mois en 2013, dont 2 fatales. L’une d’elle fût une jeune française de 15 ans qui nageait à 5 mètres du bord de la plage de Saint-Paul quand elle s’est faite attaquée. Sa mort déclencha un tollé. Les autorités locales décrétèrent une interdiction de nager ou de pratiquer un sport nautique sur toutes les plages de l’île. Malgré cela, les locaux et les touristes continuèrent d’ignorer les avertissements. (Dans le cas de Mr Naussac, les alertes avaient été levées lors du fameux weekend)

L’augmentation du nombre d’attaques à la Réunion fait enflammer le débat. Nombreux sont les locaux à blâmer le veto gouvernemental sur la viande de requin mis en place dans les années 90, ou encore la création, en 2007, d’une réserve marine protégée le long de la côte ouest de l’île. Les experts, quant à eux, disent que ce n’est probablement pas l’un de ces facteurs qui est responsable. Quelques-uns évoquent le fait que la surpêche d’autres espèces auraient eu un impact sur le comportement du requin. La diminution des stocks de poissons aurait poussé les requins affamés à se rapprocher du bord en quête de nourriture.

D’autres mettent en avant les dégâts causés par la croissance de la population réunionnaise, ainsi que par le développement urbain pratiqué le long de la côte ouest. La géologie de l’île contribue également : Sur ses pentes volcaniques, à la moindre averse, tous les déchets et débris sont entrainés vers la mer.

L’eau, plus obscure, attire du coup les requins bouledogues, les principaux responsables. Les nombreux a pics ainsi que les eaux profondes qui jalonnent l’île favorisent aussi l’apparition de requins tigres et bouledogues, qui restent d’habitude dans les eaux profondes des océans, et leur permettent de glisser jusque vers les plages avec facilité.

L’île paye un lourd tribut. Le gouvernement a dépensé des millions en systèmes de défense anti requins, avec un succès restreint. Le nombre d’attaques continue d’augmenter, pendant que le tourisme de l’île -un département français d’outre-mer avec l’un des plus fort taux de chômage de France- continue de souffrir. Malgré une petite remontée l’année dernière, le nombre de visiteurs n’a jamais retrouvé celui de 2011. Avec seulement 450 000 visiteurs en 2016, l’économie touristique réunionnaise se retrouve largement éclipsé par son voisin Maurice, qui en reçoit lui plus d’un million.

 Depuis la dernière attaque, de nombreuses voix se sont élevées en faveur d’un large abattage de requins autour des côtes réunionnaises, pour protéger les surfeurs, mais aussi le tourisme local. Les écologistes et les biologistes marins avertissent que ce serait de toute façon une solution a court terme car un tel abattage endommagerait considérablement l’écosystème. A long terme, plus de recherches sur le comportement du requin pourraient aider à prédire ces attaques, mais seraient plus coûteuses qu’un abattage..."