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Requins à La Réunion

-une tragédie moderne-

George Burgess : sharks pope ?

 Quand on reprend l’histoire de la pêche aux requins aux états Unis[1]on retrouve G. Burgess.

 En janvier 1978, les National Marine Fisheries Service (NMFS), et les Fisheries Service du National Oceanic and Athmospheric Administration (NOAA), encouragèrent la mise en valeur de la pêche aux requins, une espèce alors sous-exploitée.

Les USA ont promu la pêche aux requins au début des années 1980

Au début des années 80, la NMFS et les « Florida Sea Grant Office » développèrent même une campagne de publicité pour promouvoir la pêche aux requins. Mais, l'industrie peine à démarrer, et nécessita la mise en place d’une véritable politique de pêche. En février 1985 le Florida Sea Grant publia le livre "Manual of shark fishing", et parmi les auteurs, on retrouve…George Burgess.

A la Fin des années 80, le NMFS encouragera même le commerce des ailerons de requins. Et puis d’un coup, en 1993, le NMFS met en place de sévères restrictions commerciales pour les pêcheurs et bannit le shark finning.

En 1996, George Burgess déclare au NMFS qu’il pense que les quotas de pêche pourraient être réduits de 50% et reconnaît que cela risque de tuer les pêcheries.  Et le 7 avril 1997, la nouvelle tombe, le NMFS baisse les quotas de 50%. En 2002, la « Florida Fish and Wildlife Conservation Commission », avec le soutien de George Burgess et le Dr William Alevizon, suit la voie du NMFS. Ils détruisirent les pêcheries de requins, ruinant des familles et une économie qu’ils avait eux-mêmes encouragé à peine 10 ans plus tôt !

Georges Burgess est plébiscité par la communauté scientifique mondiale, pro requins, car il défend le dogme du requin innocent, face à l’homme unique responsable des attaques.

Le requin est toujours mis « hors de cause »

Reprenons les propos de H. E. Sawyer, un plongeur britannique qui a enquêté pendant 2 ans sur le scandale du « commerce écologique » autour de la protection des requins[2] : « quand les medias veulent un expert en matière de phrases toutes faites sur les attaques de requins, George Burgess est incontestablement la référence ». Il ajoute que le travail de cet expert est essentiel pour les protecteurs des squales, « conservationnistes » c’est à dire pour tous ceux qui « n’ont aucun risque de se faire mordre ou d’être endeuillés ». C’est un farouche opposant aux filets et toutes les mesures de réduction du risque par la pêche. Burgess parle d'un « mauvais concours de circonstances », qui fait qu'une attaque devient apparemment inévitable se basant sur une liste des causes à partir des attaques passées, plutôt que de faire une véritable recherche scientifique. « Chaque élément déclencheur implique une contribution humaine et le requin est toujours mis « hors de cause ».

Chaque année il sort un rapport « d’accidentologie », référence mondiale incontestée.

Dans celui au sujet de l’année 2011, 12 attaques mortelles non-provoquées ont été enregistrées, et seraient dues selon lui à l’essor du tourisme. Son argument phare depuis le début des années 2000, c'est que l'augmentation du nombre d'attaques est principalement due à l'augmentation du nombre de personnes dans l'eau, corollairement au développement des pratiques nautiques.

Il y indiqua également : "nous avons essentiellement des attaques fatales dans des lieux reculés, où l'assistance médicale de qualité et en quantité n'est pas aisément accessible". Et il cita l'exemple des Seychelles et de la Réunion pour illustrer son propos (avec 4 morts en 2011).

Burgess et d'autres ont été consultés depuis le début des année 1990 à Recife. L'océan a été fermé depuis 1995, et il y a eu depuis plusieurs dizaines d'attaques mortelles depuis.

Que faire face à un corps atrocement mutilé ?

Il considère que si les attaques sont graves dans ces îles sauvages perdues dans l'océan, ce n’est pas la faute des requins, mais la faute d'une carence dans les services de secours. Pourtant, les Seychelles et la Réunion dispose de toutes les infrastructures modernes.

Cette affirmation a été considérée comme une véritable insulte et aura fait bondir plus d'un urgentiste à la Réunion, car chez nous car nous avons des services d'assistance efficaces, de qualités, et en nombre suffisant.

Ces propos sont d’autant plus surprenant quand on sait qu’en France, nous avons un système médical qui permet à tout le monde d’accéder gratuitement aux soins, ce qui est loin d’être le cas aux Etats-Unis.

Quant aux Seychelles, même si la plage d’Anse Lazzio était certes un peu isolé, Ian Redmond par exemple en aout 2011 a été sorti de l'eau par un chirurgien, mais que pouvait-il faire face à un corps atrocement mutilé ayant conduit à une mort aussi rapide qu’inéluctable ?

 De même à la Réunion, malgré une prise en charge immédiate, la gravité des blessures n'aura laissé aucune chance aux victimes décédées, avec la plupart du temps des arrachements multiples ou même un corps coupé en deux[3] Et pour Mathieu Schiller, son corps ne sera jamais retrouvé, probablement emporter par les squales, alors qu'il était presque arrivé sur le rivage, récupéré par ses amis et anciens collègues maîtres-nageurs.

Comment un aussi grand spécialiste peut-il s’exprimer avec une telle méconnaissance, si ce n'est dans le but de servir, quelles que soient les circonstances, la cause des requins ?

  L'auteur Jean-François Nativel (à gauche) en 2014 lors du "5ème workshop international" sur les attaques de requins à Recife, Brésil tentant de sensibiliser Georges Burgess à notre grande spécificité, et à son interprétation totalement erronée de notre situation locale.

Mais qu'importe, le mal est fait, et son bilan annuel pourtant erroné aura fait le tour du monde des plus grand médias, et convaincu une fois de plus comme chaque année l'opinion.

Il est important d’ajouter que George Burgess décrit les chasses aux requins engagés en 2011 en réponse aux pertes humaines comme malavisées, car :

« -Il est peu probable que ce soit le requin l'unique responsable,

-les chances d'identifier et de tuer un requin en particulier sont pratiquement nulles,

-c'est une perte de temps et d'argent que de satisfaire un désir de vengeance ».

D'ailleurs, en aout 2013 il consacrera même depuis la Floride une tribune spécialement dédiée à l’île de la Réunion[4] pour dénoncer l'annonce par l’état « d’un massacre sans précédent », en réaction au projet de pêche de 90 requins, réaction qu'il jugera « indigne d'un pays éclairé comme la France ».

Tel un magicien, sortant des lapins de son chapeau

 En outre, il ne manque jamais d'arguments pour expliquer les choses. Ainsi en 2011, sa région, la Floride a échappé aux décès en 2011. Et la d'un coup, Burgess attribue cela au fait que les gens soient moins allés dans l'eau… « à cause de la récession économique » ! Tel un magicien, sortant des lapins de son chapeau, il nous présentait une nouvelle théorie avec un aplomb déconcertant.

Parlant de G. Burgess au sujet de cet argument, H.E.Sawyer ajoute : « Il y avait effectivement moins de gens dans l'eau en Floride, pas à cause de la crise, mais plutôt à cause d'une énorme pollution, que Burgess aurait pourtant dû voir depuis son bureau du Musée d'Histoire Naturelle de Floride. C'était tellement évident, qu'on la voyait depuis l'espace. Il s'agissait du « Deepwater Horizon », la plus grande marée noire de l'Histoire, qui déversa l'équivalent de 5 millions de barils de pétrole brut, du 20 avril au 19 septembre 2010, dévastant les habitats marins, la pêche et le tourisme ! En juillet 2011, environ 800 km de côtes étaient encore contaminés, y compris la Floride.

George Burgess ne dit pas un mot sur Deepwater Horizon. Il est après tout "un entrepreneur politique habile et expérimenté" et n'est pas sans savoir que l'industrie pétrolière finance la protection des requins à travers des fondations caritatives.

« La protection des requins a été achetée, infiltrée et envahie par une cabale avec des porte-voix et un agenda qui n'a rien à voir avec la protection des requins, mais tout à voir avec l'acquisition de grandes parts de nos plus grandes ressources naturelles. Ils utilisent simplement les requins comme des posters pour enfants afin d'influencer et contrôler le public et les politiques. "Donner" et "Signer la pétition". On connaît. Et nagez à vos risques et périls[5] ».

La corrélation "augmentation du nombre de personnes dans l'eau= augmentation des attaques" fonctionne partout dans le monde, sauf... dans les zones à risques mortels

 Son rapport pour l'année 2012, à comme tous les précédents, largement été repris par les médias du monde entier. Il reprend les sempiternelles analyses qui ont fait son succès depuis le début. Si le nombre d'attaques augmente sensiblement année après année, c'est toujours simplement dû à l'augmentation de la population mondiale selon loin.

Il identifie l'Australie et la Réunion comme des « points chauds ». Il diabolise bien évidemment l'Australie, qui suite à 14 attaques décida de mettre en place un programme de « pêche à vue » des requins identifiés comme dangereux, se trouvant à proximité des côtes. Il dénonce cette pêche qu’il qualifie « d’abattage » censé rassuré une opinion trompée par l’intérêt trop grand des médias pour ce type d’incident. Pour lui la situation est « normale » en Australie. Il parle aussi de la problématique requin à l'île de la Réunion cette fois-ci de façon plus mesurée en indiquant que « certains changements, probablement d'origine anthropique, ont contribué à un nombre plus élevé d’interactions requin-humains ».

 Il est bien évident pour lui que l'unique responsable de cette situation : c'est l'Homme, avec sa litanie habituelle de « méfaits avérés », pollution, urbanisation, surpêche, comportements, etc.

Bref, vous ne serez pas surpris d'y apprendre que le requin lui, est toujours innocent.

 En avril 2014, je me suis rendu un colloque international au Brésil à Recife, et je l’ai vivement interpellé à propos de ses positionnements en lui expliquant, preuves à l’appui, tout le mal qu’il nous faisait en véhiculant des idées erronées ou exagérées sur notre situation. Il sera également pris à partie par les défenseurs locaux du nautisme là-bas excédé de le voir venir raconter les mêmes sornettes depuis plus de 20 ans malgré la succession ininterrompue d’accidents mortels. Depuis, il ne s’est plus exprimé à notre sujet. Aurait-il pris conscience de la portée de ces publications[6] ?

 Avril 2014 lors du "5ème workshop international" sur les attaques de requins à Recife, Brésil. De gauche à droite : L'auteur Jean-François Nativel, et Georges Burgess, le grand spécialiste des requins de la planète, Neyfy Safo, Capitaine des pompiers ayant fait office de médecin légiste de 1992 à 2012, et Géremy Cliff, scientifique du Natal shark board de Durban, Afrique du Sud


[1] source : film « the Shark con » (la conspiration requin) 2010, http://www.sidewaysfilm.com/the- /. Bill Goldschmitt a publié en 2010 « sharkman of cortez ». Il est considéré comme un des plus grands pêcheurs de requin au monde. Personnage central de ce film, il a été un des premiers à dénoncer les manipulations des ONG autour des requins, assimilable à un véritable bizness http://sharkmanofcortez.com/.

[3] « Expertise médicolégale des victimes d’attaques et de morsures de requins à la Réunion » A. Werbrouck, revue de médecine légale Elsevier Masson (aout 2014) 5, page 110—121

[4] Cette tribune sera reprise en première page d'un journal local, le Journal de l'île de la Réunion du 20 août 2013 intitulée « chasse aux requins : la Réunion montrée du doigt dans le monde »

[5] « Dans la catégorie poids lourds, il y a PEW, fondée sur les bénéfices du groupe pétrolier Sunoco. Ils ne gagnent pas d'argent avec les requins, mais ils développent ainsi leurs portefeuilles immobiliers océaniques, à travers la création de sanctuaires de requins et d'aires marines protégées. Certaines aires ont la taille de l'Arabie Saoudite. Les ressources marines sont d'un grand intérêt pour ces fondations. Quelques 25% du pétrole et du gaz non-découverts sont dans les océans » http://www.hesawyer.com/shark-attack.html

[6] Après une trêve de trois ans, il sera revenu à ses vieux démons pour tenter de contrer Kelly Slater, suite à ses propos controversés en faveur d’une régulation, au lendemain de la mort d’Alexandre Naussac le 22 février 2017 http://www.theinertia.com/surf/culling-sharks-wont-protect-surfers-heres-exactly-why-not/