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Requins à La Réunion

-une tragédie moderne-

Dégradation des filets et écoterrorisme

 (Tous les passages de couleur verte renvoient à des références sous forme de liens hypertextes)

Dès que l'on parle de ce (gros) mot, c'est tout de suite c'est une levée de boucliers chez les justiciers 2.0… c'est vrai l'ignorance à toujours été le moteur de la haine.

 C’est presque blasphématoire d’oser évoquer la face sombre de l’écologie dans une société qui a laissé désormais érigé en modèle l’utilisation de la violence pour défendre la nature.

 Mais n’en déplaisent aux e-colos, l’éco terrorisme est une réalité depuis presque 50 ans dans les pays anglo-saxons, et depuis une bonne décennie également en France.

 Et cela au point que un des plus grands spécialistes français en renseignements, Éric Denecé, y a consacré très récemment un ouvrage dans lequel il présente les mouvances radicales de libération animale comme une des grandes menaces de ce 21e siècle, avec ici une vidéo explicative de l’auteur

 Ce qui est le plus édifiant, c’est que les travaux d’Éric Denecé à ce sujet sont passés sous silence par les grands médias… ce grand spécialiste ne serait-il pas crédible ?

 Pourtant, dès qu’il s’exprime au sujet de la Syrie, là c’est tout de suite c’est le buzz immanquable depuis quelques jours : voir ici

 Mais l’éco terrorisme, lui, n’intéresse pas les grands médias alors même qu’ils se sont multipliés très récemment en France avec une grande ferme incendiée le 21 décembre 2016, la devanture d’une boucherie saccagée le 6 décembre 2016

Ou encore les locaux de la fédération de chasse du Val d’Oise saccagée l’année dernière

 Alors dans un tel contexte, est-ce vraiment une hérésie de parler « d’éco terrorisme » face à deux actes de sabotage des filets à l’île de la Réunion, avérée selon toutes les équipes de maintenances, et ayant conduit à l’ouverture d’une enquête ?

 Est-il vraiment justifié d’instruire un procès à charge contre une personne qui à OSER mentionner ce terme par rapport à cet acte ?

   Combien parmi ceux qui s’indignent savent que rien que pour l’État australien du New South Whales il y a eu 14 sabotages AVÉRÉS de filets depuis 2010 ???

OUI le sabotage de filets de protection est une RÉALITÉ dans le monde !!!

Et ce ne sont pas les articles récents qui manquent en Australie à ce sujet ici ou encore ici

 

Certes, il s’agit là-bas de filets maillants qui tuent quelques poissons, conduisant au passage à l’acte des ayatollahs des océans… Mais n’avons-nous pas eu à plusieurs reprises des campagnes de diabolisation de nos filets locaux accusés de tous les maux alors même qu’il ne ferait pas de mal à une simple méduse ?

Une chose est sure : l'alignement des coupures indique qu'il ne pourrait s'agir QUE d'un acte de malveillance,  constaté à plusieurs reprises depuis un an.
Rappelons également que ce type d’actes malveillants a déjà été constaté également au niveau des filets de l'Étang-Salé.

Les oppositions à la politique préventive plus ou moins nourries que nous rencontrons ici à la Réunion sont virtuelles, et nous osons espérer pour notre part, encore aujourd’hui, que ce type de comportement d'illuminés dangereux n'est pas, et ne sera jamais, présent dans l'île.

 

 Voici pour ce que le sujet intéresse, un extrait d’un chapitre consacré à « l’éco terrorisme » dans le cadre des parties complémentaires aux livre « Requins à la Réunion une tragédie moderne ».

" L’éco-terrorisme

(…) Cette mouvance se caractérise par un passage à l'acte avec des actions fortes, spectaculaires visant à concentrer l’attention des médias et à frapper les esprits.

Celles-ci peuvent se justifier ou apparaître comme légitime dans des affaires où le combat vise à protéger l’homme, comme par exemple les manifestations contre les convois de déchets radioactifs dans les années 1980. Mais de telles actions se constatent de plus en plus dans des situations où l’objectif est de sauver des animaux ou la nature au détriment d’intérêts humains, même lorsque ceux-ci sont respectueux de l’environnement.

D’une simple prise de position, l’écologie dans sa forme la plus radicale peut prendre des allures de guerre rangée, avec des militants capables d’actes qualifiés d’éco-terrorisme.

Ces personnes sont animées par une volonté très forte de faire tout ce qui leur est possible pour défendre leurs idées, laissant transparaître une idée de dévotion quasi religieuse, allant jusqu’à prendre parfois des proportions qui invitent à la réflexion.

Pascal BRUCKNER dans un ouvrage en 2011[1] parle à juste titre d’un « fanatisme de l’apocalypse ». Il dénonce l’utilisation du spectre de la fin du monde dans nos sociétés occidentales pour justifier d’une dictature verte. « Le catastrophisme constitue le remord anticipé de l’avenir ». Celui-ci est soutenu par un discours commun qui présentent les intérêts humains comme à tout jamais contingents face à la nature en péril.

 Bien plus qu’un enthousiasme excessif, c’est-à-dire le débordement d’un comportement qui resterait par ailleurs normal, le fanatisme peut être considéré comme une véritable déviation mentale en un sens pathologique, pouvant amener des individus, ou un groupe à mettre en œuvre tous leurs moyens pour faire triompher leur idéologie.

 Les activistes les plus durs sont partisans de la cause animale et de « l’antispécisme », l’espèce humaine n’ayant aucune supériorité légitime selon eux. Ils sont souvent adeptes de « véganisme », un courant de pensée similaire qui défend les droits des animaux, notamment le droit à la vie et au respect, et s'oppose vigoureusement à la mort des animaux, utilisés dans notre alimentation ou dans diverses expérimentations. 

Cette branche dure de l’écologie est emprunte de misanthropie, allant jusqu’à considérer l’homme comme une sorte de virus pour la planète. Elle envisage le salut de la planète à travers une réduction brutale de la population mondiale, dans une lignée d’une idéologie néo malthusianisme.

 Les O.N.G.E. extrémistes, propres aux sociétés occidentales modernes[2], se sont développés dans un premier temps en Angleterre dans les années 1970, puis aux États-Unis dans les années 1980, avant de voir leurs actions violentes se répandre dans le reste des nations occidentales, ainsi qu’en Russie depuis le début des années 2000. Leurs cibles principales étaient les laboratoires qui utilisaient des animaux à des fins d’expérimentation, offrant une cible accessible géographiquement parlant7.

Il est vrai que la condition animale peut susciter chez nous tous, indignation et emphatie.

 On se souvient de ces images abominables, qui avaient défrayé la chronique il y a une trentaine d’années, d'animaux servant de cobayes à toutes sortes de tests pharmaceutiques entre autres, et torturés jusqu'à la mort.

Pourtant, n’était-ce pas un mal nécessaire pour permettre à l'humanité d'évoluer, et pour permettre à la science d'avancer ? Combien de progrès médicaux ont été possible du fait de ces millions d’expérimentations ?

Il n’en demeure pas moins que les plus déterminés des militants vont même jusqu'à mener des actions radicales de destruction de laboratoires pharmaceutiques, d'enlèvement de responsables industriels, de destruction de navires, etc. Ils sont prêts à tout, allant même jusqu'à utiliser des méthodes de guerre pour défendre ce qu'ils considèrent comme l'intérêt de la nature.

 L’histoire aura montré paradoxalement que souvent ces mouvances desservent considérablement tout le travail réalisé par les écologistes plus modérés, et en arrivent même parfois au final au résultat inverse à celui souhaité. Leur action violente finissant en bout de course par éduquer à la haine des communautés qui au-delà de pratiques culturelles controversées dont ils ne sont que les héritiers, sont bien souvent non-violentes et très respectueuses de l’environnement.

En 2002 le FBI estimait que 2 des mouvements emblématiques de cette tendance éco terroriste, l’Animal Liberation Front (ALF), et l’Earth Liberation Front (ELF) avaient commis plus de 600 actes criminels aux États-Unis, occasionnant des dégâts estimés à plus de 43 millions de dollars !

En 2005, John Lewis, directeur adjoint du FBI déclara que « l'éco terrorisme était désormais une des menaces terroristes les plus importantes sur le sol américain, et que depuis 1990, 1200 attentats avaient été recensés, pour un montant de 110 millions de dollars de dégâts ».

Ainsi, même des textes de lois spécifiques ont vu le jour ou ont été réactualisés, aux États-Unis et en Angleterre pour tenter de juguler ce phénomène. Ces passages à l'acte ne se traduisent pas uniquement par des dégradations matérielles, mais aussi parfois par des actes de violences physiques. Ainsi, en 1999, un journaliste de Chanel four, Graham Hall, a été enlevé et séquestré par des hommes armés se réclamant de la « cause animale ». Lors de sa libération, les trois lettres ALF avait été tatoué au fer rouge dans son dos.

 Bien entendu, nous n’en sommes pas là en France même si un article explique que notre pays rejoint désormais « le peloton de tête » des pays concernés par ce phénomène qui prend de l’ampleur avec 53 actions éco-terroristes revendiquées en 2007. Certains militants affectionnent la clandestinité et leurs photos cagoulées de noir ont franchi le pas. « Les modes d’action sont assez comparables : cellules informelles, commandos de nuit, grande paranoïa et volonté de frapper l’opinion publique par des actions d’envergure », note un enquêteur[3]».

 Il n’en demeure pas moins que l’on constate une multiplication des fronts écologiques violent depuis 2013 sur notre territoire, qu’occasionneront le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes, ou encore le center park Roybon en passant par le barrage de Sivens. Ces nouveaux éco-guerriers, appelée Zadistes[4] semblent désormais s’inscrire de plus en plus dans une logique sociale qui tend à valoriser les passages à l’acte quand il s’agit de protéger la nature.

 Ces derniers événements ont amené d’ailleurs en début 2015 un grand spécialiste des renseignements généraux a tiré la sonnette d’alarme[5] face au constat d’une montée de la radicalisation écologique : "Depuis une dizaine d’années, on observe (en France) la montée en puissance de ces groupes radicaux, parfois ultra-violents, qui sont tous issus de ces nouvelles causes, que l’on nomme “causes éthiques” : il y a l’altermondialisme, l’écologie, la défense du droit des animaux, propre à idéologie plutôt issues de la mouvance d’extrême gauche ; il y a un aussi les anti-avortement, qui eux viennent de l’extrême droite. Tous ces mouvements donnent naissance à des franges ultra-radicales qui s’allient entre elles, qui utilisent les mêmes techniques, c’est un mélange d’idéologie et de méthodes qui viennent de l’extrême gauche, mais aussi, qui ont été rafraîchies par l’utilisation des nouvelles technologies (internet, réseaux sociaux) et par une meilleure connaissance de l’utilisation de la presse."

 La défense des océans et de ses habitants étant devenu une des grandes causes éthiques de ces 30 dernières années, elle n’aura bien évidemment pas été épargnés par cette écologie radicale. Ils se sont d’ailleurs multipliés très récemment en France avec une grande ferme incendiée le 21 décembre 2016, la devanture d’une boucherie saccagée le 6 décembre 2016, ou encore les locaux de la fédération de chasse du Val d’Oise saccagée l’année dernière

 Il existe une recherche récente publiée par un criminologue canadien[6], particulièrement intéressante pour comprendre le grand danger que représente ce phénomène du fait du « capital sympathie dont il jouit au sein de l’opinion publique ».

 Et cette même publication esquisse des hypothèses explicatives à propos de la popularité de ces les exactions terroristes écologiques, les conduisant de plus en plus à apparaître en tant que modèle social :

« Il n’est plus rare d’entendre parler de sécurité alimentaire, de sécurité sociale, de sécurité humaine et, bien sûr, de sécurité environnementale (David, 2006 ; p. 97-126). Dans cette vision des choses, les activités des écoterroristes deviennent plus acceptables. Les groupes écoterroristes deviennent en quelque sorte des défenseurs de la sécurité environnementale. En dénonçant - à tort ou à raison - l’inaction gouvernementale dans le domaine, et en critiquant de manière tonitruante les entreprises considérées comme des « plaies environnementales », ces groupes se transforment en de véritables « Robin des bois » à la sauce écologique. Une raison de plus qui explique pourquoi le discours écoterroriste obtient des échos favorables en Amérique du Nord.

Il est d’ailleurs singulièrement intéressant de voir que des activités pouvant être assimilées à de l’écoterrorisme - du moins, des activités identifiées comme telles par bon nombre des autorités de sécurité de divers États - sont devenues tellement banales qu’elles font maintenant l’objet d’une série de téléréalité. La série américaine Whale Wars, émission produite par Animal Planet (2009) du réseau Discovery Communications, met en vedette des « activistes » usant de toutes sortes de méthodes pour nuire à des baleiniers. Ici, le discours environnementaliste est exacerbé via un vedettariat étrange, véhiculé au travers d’une recette qui a fait ses preuves.

Ce que ce genre de téléréalité envoie comme message, c’est que le discours environnementaliste « activiste » est non seulement accepté, mais également encouragé. Et, il peut même mener aux 15 minutes de gloire, voire plus. Au bout du compte, cela démontre combien la position pro-environnementaliste est devenue ancrée dans le discours social ambiant.

Les critiques portées envers cette émission de téléréalité sont d’ailleurs sans pitié. Richard Spilman (2009) écrit ceci au sujet de Whale Wars :

« Alors, quel est le problème avec « Whale Wars » ? Le problème est qu’il s’agit d’une exploitation éhontée ne faisant rien de moins que l’éloge de l’écoterrorisme. Il s’agit de la glorification de l’extrémisme en haute mer. Et ho, d’ailleurs, ces bergers de la mer ne font presque rien pour protéger les baleines dans les endroits où elles sont vraiment en danger ».

Une affirmation qui en dit long sur le caractère litigieux de l’émission et qui tend à démontrer que les actions qui y sont dépeintes ne font pas l’unanimité. À ce sujet, le Japon a d’ailleurs accusé Animal Planet de supporter les activités écoterroristes (BYM Marine Environment News, 2008). »

L’organisation mentionnée dans cet exemple est la Sea Shepherd Conservation Society (SSCS).

Sea Shepherd

La Sea Shepherd Conservation Society a été fondée en 1977 par Paul Watson suite à un désaccord avec Greenpeace dont il est un des membres fondateurs. Il estimait que les méthodes utilisées alors n’étaient pas assez efficaces, car pas assez radicales. Tandis que Greenpeace adoptait une éthique de non-violence, Paul Watson, fort du soutien de quelques sympathisants, créa son propre mouvement dont le but est de s'appuyer sur la confrontation directe pour atteindre ses objectifs.

Cette O.N.G.E. s'est spécialisée, en tant que « berger de la mer », dans la défense de la biodiversité marine. Son objectif principal est de faire cesser la chasse et la pêche de mammifères marins, plus particulièrement certaines espèces emblématiques.
 La 1ére victime de Sea Shepherd est un navire baleiner notoire nommé La Sierra[7], contre lequel Sea Shepherd choisit d’utiliser son bateau comme bélier le 16 juillet 1979. « Le capitaine Watson éperonne à deux reprises le Sierra, déchirant la coque jusqu’à la ligne de flottaison et obligeant le navire à rentrer au port pour y être réparé. Après avoir subi des réparations non prises en charge par les assurances et d’une valeur d’un million de dollars, le Sierra est coulé par des agents de Sea Shepherd dans le port de Lisbonne, au Portugal, le 6 février 1980[8]».

 Les 15 années suivantes, Sea Shepherd s’est vanté d’avoir coulé 8 navires et endommagé 6 autres, revendiquant une image d’activistes déterminés. Bien que la défense des baleines semble louable, les méthodes-chocs utilisées ont été loin de faire l'unanimité. La vie de nombreuses personnes en mer a été plusieurs fois mise en danger[9] par ces actes de sabordage, qui auront conduit cette organisation à être considérée en tant qu’organisation éco-terroriste par le FBI[10].

 Alors ce que Greenpeace centre son combat sur la négociation, en tentant de changer les mentalités, Sea Shepherd a multiplié les actions fortes et les coups d'éclat médiatiques. Paul Watson est un personnage aussi controversé qu’adulé. Il porte le titre contesté de « capitaine », et s’annonce végétalien strict alors que plusieurs témoignages relatent qu’il consommait de la viande lors des expéditions.

 Adepte de l’anti-spécisme et du véganisme, il s’est toujours battu en public contre le fait que l’homme tue des animaux, et n’a jamais caché au cours de ses interventions, souvent provocante, le peu de valeur qu'il accorde à l’espèce humaine à travers un discours régulièrement empreint de misanthropie.

 Le 4 avril 2008, suite à la mort accidentelle de 4 pêcheurs de phoques, il annonça dans un communiqué que c’est une tragédie mais que « le massacre de centaines de milliers de bébés phoques est une tragédie plus importante ». Des habitants et pêcheurs des îles Saint-Pierre et Miquelon, lieu du drame, choqués de cette déclaration, le chassèrent de leur île, lui et ses partisans, en coupant les amarres de leur bateau à quai, alors qu’ils menaient sur place une campagne contre la pêche des phoques.

  La première fois qu’une large part de l’opinion a entendu parler de l’organisation Sea Shepherd, c’était en 2010, dans la superproduction de Discovery Channel, « whale wars » (« les justiciers des mers ») qui mettait en scène leur guerre contre les baleiniers japonais. Cette série (déjà évoqué) les présentait comme des guerriers courageux, ultra motivés, qui allaient jusqu’au bout de leurs convictions, au point d’aller chercher les responsables de « pratiques barbares d’un autre âge » à l’autre bout du monde dans des océans glacés. L’impression fut alors plutôt positive pour l’ensemble de notre communauté concernant cette grosse O.N.G.E. internationale. Nous avons eu largement l’occasion de revenir sur notre jugement initial, suite à leur implication dans la problématique requin à la Réunion.

 La noblesse de la cause défendue par cette organisation suffirait à justifier les moyens utilisés, qui finissent par devenir valorisés : elle donne l’image de justiciers de l’océan qui partent en croisade combattre la barbarie des hommes. Leur but étant de protéger les océans et le monde marin, en empêchant notamment la pêche des espèces menacées : baleines, requins, dauphins, etc.[11]

 Les méthodes utilisées par les Sea Shepherd soulèvent cependant bien des interrogations. Ils sont habillés en noir, ils utilisent des bateaux de guerre, financés par des dons, notamment « d’ultra riches » avec pour symbole une tête de mort.

 Leurs actions de force ont défrayé la chronique durant ces dernières années, notamment dans une véritable bataille navale menée contre les navires de pêche japonais. Les moyens engagés à cet effet en novembre 2012 dans l’océan indien donnent une idée de leur détermination. Leur opération dénommée « zéro tolérance » aura été l’occasion d’un déploiement de moyens sans commune mesure : bateaux « armés », hélicoptères, drones, et 120 militants près à en découdre.

 Leurs dernières campagnes ont été particulièrement efficaces contre la pêche à la baleine, ils ont réussi depuis deux ans à réduire fortement la pêche de ces mammifères marins par les Japonais, grâce à un harcèlement systématique, et il n'est pas impossible qu'ils arrivent à faire cesser totalement cette pratique un jour. Les Japonais, consommateurs de chair de baleine, restent les principaux ennemis de cette O.N.G.E.

 Cette nation a réussi à se préserver des quotas de pêche à la baleine, officiellement à des fins « scientifiques », alors que la chair de ces animaux finit par se retrouver au menu des restaurants.

Lors d'une conférence de presse en 2012, Paul Watson racontait qu’une partie de l'aide internationale pour la reconstruction du Japon, suite au tsunami de 2011, a été utilisé pour combler le déficit des précédentes campagnes de pêche à la baleine, afin de faire réfléchir voir dissuader les éventuels donateurs. Certains membres de cette O.N.G.E. se sont ouvertement réjouis du tsunami au Japon, ironisant sur une pseudo vengeance de l’Océan envers ses bourreaux.

 L'ensemble de la communauté écologique mondiale ne s'y est pas trompé, cette O.N.G.E. a clairement été identifiée comme une organisation utilisant des méthodes dangereuses[12], et pourtant, cela ne les empêche pas de bénéficier d’une grande popularité dans tous les médias, où leurs actions militantes sont présentées comme héroïques. Beaucoup de stars du show-business se sont ralliées à leur cause, devenue célèbre à travers leurs actions fortes relayées par l’ensemble de la presse, renforçant leur puissance et leurs convictions.

La cause animale a toujours très populaire dans le star system depuis l’époque de Brigitte Bardot et des bébés phoques. Cette célèbre actrice avait été invitée par Paul Watson en personne sur la banquise dès 1977, créant les premiers liens d’une amitié durable[13].

 Il convient d’apporter un bémol aux grandes victoires qu’ils obtinrent dans la lutte contre la chasse aux phoques. Au-delà du bien-fondé de la lutte contre des braconniers qui tuaient ces animaux que pour leur fourrure, ces actions conduire à priver de nombreux peuples d’Amérique du Nord d’une ressource ancestrale, et à se reporter sur des pratiques nourricières bien moins durables (crevettes et flétans pour les inuits). De même, ces mammifères marins étant des carnassiers, l’arrêt de leur pêche a conduit à une surpopulation avérée[14] avec des conséquences importantes sur de nombreuses autres espèces. De très nombreux programmes de régulation portant sur plusieurs centaines de milliers d’individus[15] sont d’ailleurs en cours, pour tenter de réparer ce qui est désormais admis en tant qu’erreur découlant d’une conservation outrancière[16], déconnecté de la réalité du terrain.

 L’entrée d’une grande star dans la sphère des activistes de la nature aura même inspirée un responsable d’une association internationale de protection des animaux sauvages dans une publication intitulée « le syndrome Brigitte Bardot[17]». Il mène ainsi une réflexion critique sur l’engouement surprenant de stars bien souvent en perte de notoriété pour des causes dont il ignore en totalité les tenants et aboutissants.

Il compare de façon ironique ce phénomène à une maladie qui « les conduits à devenir militants & porte-parole de causes et de campagnes pour lesquelles ils n'ont peu ou pas de connaissance…/…baser sur leur instinct et leurs propres sentiments plutôt que sur les faits et les données réels…/… remettre un peu de glamour dans une carrière sur le déclin…/…Comme avec Bardot, la maladie se manifeste généralement par un soutient extrême (voir extrémiste) a la cause animales…/…souvent la proie des collecteurs de dons que sont les Organisations Non Gouvernementales. Les groupes fondamentalistes tels que PETA, WildAid et IFAW ont de tout temps recruté des célébrités pour promouvoir leurs campagnes et leurs idéaux, car ceux-ci ne pourraient résister seuls face à une analyse critique raisonnée. En faisant appel à une vague notion éthique du bien et du mal, véhiculée par les célébrités, les jeunes adultes en particulier, sont souvent persuadés de donner de l'argent pour "sauver" telle ou telle espèce, qui en réalité n'est nullement en danger.
Il est tout de même ironique que les acteurs & stars…/…souvent critiqués pour leur mauvais exemple auprès de la jeunesse) se retrouvent les porte-parole de la "noble cause animale". En fait, ce n'est pas les animaux qu'ils essayent de sauver, mais bien leur propre réputation ».

 Ils ont ainsi leurs entrées dans ce milieu, et organisent régulièrement des événements caritatifs « peoples », dans des grands événements internationaux tels le festival de Cannes[18].

En 2012, Paul Watson a été placé sous le coup d'un mandat d'arrêt international, et a fait l'objet d'une notice rouge de la part d'Interpol. Il a été accusé d'avoir mis en danger la vie de marins, durant une campagne menée contre la pêche de requins au Costa Rica.

 Fort de soutien des grandes personnalités du monde de l’écologie français[19], il tentera d’obtenir l'asile politique en France à partir de septembre 2012. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, il finira par être accueilli par la France au titre de premier réfugié écologique de la planète en septembre 2014

 Le charisme et la lutte emblématique de Paul Watson lui a permis de se constituer un véritable empire, avec des milliers de fidèles voués à sa cause, à tel point que certains n'hésitent pas à le comparer à une sorte de gourou. Son combat n'a laissé personne indifférent, le Time magazine l’a même élu en 2000 en tant qu’un des « héros écologiques du siècle ».

 A l’opposé, de l’image d’un personnage vénéré, un auteur a avoué s’être inspiré de Paul Watson, pour le scénario d’un thriller éco terroriste[20], dans lequel une activiste écologiste après s’être engagé dans la « cause animale » fomente le projet de contaminer des populations pauvres avec le cholera, pour anéantir l’humanité. Ce roman présent ainsi une version bien en prise avec la réalité et visionnaire de « l’extrémisme vert » que l’on a pu constater ces dernières années, et met en perspective une idéologie écologique si amoureuse des animaux qu’elle conduit à haïr les hommes.

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[1] « Le fanatisme de l’apocalypse. Sauver la terre, punir l’homme ». Grasset 2011

[2] Les sociétés traditionnelles sont épargnées par cette idéologie puisqu’elles ont un rapport direct et franc avec la nature, qui n’a peu ou pas évolué depuis l’origine

[3] Source : “ Ces éco-terroristes qui inquiètent l'Europe”, Isabelle Mandrau, 25 Juillet 2008, Le Monde.

[4] Dérivation de l’acronyme ZAD de Zone d’Aménagement Différé, en Zone À Défendre.

[5] http://www.lopinion.fr/4-decembre-2014/eric-denece-en-france-on-est-tout-proche-terrorisme-ecologique-19095

[6]  Source http://www.cairn.info/revue-securite-et-strategie-2010-1-page-15.htm. Résumé de cette publication : « Tout le monde connaît « l’écoterrorisme » mais très peu peuvent en parler avec précision. Benoit Gagnon, chercheur canadien, tente ici de remédier à cet écueil en présentant en détail cette notion : sa naissance historique, son inscription dans l’Histoire du terrorisme, ses modalités d’action, la pluralité des organisations qui se revendiquent de ce label. Quant à son avenir, l’auteur défend l’idée que le fondement même de ce terrorisme, la protection de l’environnement, le distingue des autres terrorismes par le capital sympathie dont il jouit au sein de l’opinion publique ».

[7] Extrait de leur propre résumé historique : http://www.seashepherd.fr/whales/sea-shepherd-history.html

[8] Op. Cit. 7

[9] une question éthique vis-à-vis de la mise en péril des vies humaines ne peut être éludée, comme dans le cas du Sierra : « Aucun des onze personnes à bord - membres d'équipage, deux femmes, deux bébés et un garde - a été blessé que l'explosion a déchiré une section de la cale. " selon un article du The Calgary Herald 07 Fevrier 7 1980  « Whaling ship sinks »,

[11] Concernant la défense des requins il existe une multitude d’ONGE internationale, Sharkangels, save our seas, etc. ainsi que divers mouvements : sharkmission, sharkfighter, sharksavers, l’armée des 12 requins, sauvegarde des requins, etc. Une coalition de 25 ONG qui militent de façon importante : shark alliance. Toutes les associations de défense des animaux s’associent en général à cette noble cause. En France, nous avons aussi des entités plus terrestres engagées pour les requins : la fondation Brigitte Bardot, association de sauvegarde et de protection des animaux de la Drôme (APSA), etc.

[12] Alain Juppé, ministre des affaires étrangères, répondait à la fondation Brigitte Bardot le 8 février 2012 qui lui demandait de soutenir de Sea Sheperd contre la chasse aux baleines : « la France ne peut soutenir Sea Sheperd qui semble privilégier les actions qui sortent du cadre de la légalité et des principes essentiel de la sécurité en mer ». 

[13] Un des derniers navires de Sea Shepherd mise à l’eau en 2011, un trimaran de pointe aux allures de navires de combat, se nomme le « Brigitte Bardot ». Ce bateau a été cofinancé par la fondation de l’actrice.

[14] Ainsi de 10000 phoques gris et de 1,5 million de phoques du Groenland, on est passé à respectivement 300000 et à 10 millions d’individus18, avec les conséquences désastreuses sur les écosystèmes http://www.graffici.ca/blogues/editorial/2012/11/13/chasse-au-phoque-un-equilibre-a-recreer/

[16]  Voir ici le mea culpa récent, 21 janvier 2016, du directeur de Greenpeace pour l’Arctique http://www.greenpeace.org/canada/en/blog/Blogentry/where-does-greenpeace-stand-on-seal-hunting/blog/55360/  est aussi la réaction radicale violente du fondateur des SSCS confirmant son opposition radicale à toute pratique de chasse, même durable et traditionnelle, et cela quel qu’en soient les conséquences http://www.notre-planete.info/actualites/4406-Greenpeace-chasse-phoques-Paul-Watson

[17] Article d’Eugène Lapointe, fondateur et directeur de l'IWMC (International Wildlife Management Consortium), ancien secrétaire général de la CITES (the Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Fauna and Flora) de 1982 à 1990 http://iwmc.org/images/pdf/Brigitte%20Bardot%20Syndrome.pdf (lien inactif, voir PDF ci-dessous)

 [18] A titre d'exemple, une star américaine, Pamela Anderson, a sorti en novembre 2012 une série de photos pour la promotion de cette O.N.G.E., posant à bord d’un de leurs bateaux. Autre exemple récent, Sam Simon, un des 3 créateurs des « simpsons » leur a fait un don de 2millions de $ en décembre 2012, leur permettant de s’équiper d’un nouveau navire.

[19] Les membres du comité de soutien français de Paul Watson pour l'obtention de l’asile politique sont : Leila Aichi, sénatrice, Yann Arthus-Bertrand, président de la fondation Goodplanet, Isabelle Autissier, présidente du WWF ,Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO , José Bové, député européen , Dany Cohn-Bendit, député européen, Nicolas Hulot, président de la FNH, Chantal Jouanno, sénatrice, Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France, Martine Laplante, présidente des Amis de la Terre, Franck Laval, président d’Ecologie sans Frontière, Corinne Lepage, députée européenne.   

[20] Jean-Christophe Ruffin, dans « le parfum d’Adam », 2007, édition Flammarion.