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Requins à La Réunion

-une tragédie moderne-

RISQUE REQUIN : porter une plainte envers les autorités est légitime ?

 

(ATTENTION : les commentaires repris dans cet articles peuvent heurter les personnes sensibles)

 

Les réactions (ultra) violentes suite à l'annonce de la plainte d’une victime d’attaque de requin au tribunal administratif témoigne du (très) long chemin qu'il reste encore à parcourir… notamment dans l’opinion…

 Voir ce lien d’où sont extraits les captures sont ci-dessous.

 

 

 

Qu’est-ce qui amène autant de citoyens à se transformer ainsi en seconds bourreaux, n’éprouvant strictement aucune empathie1 envers cette victime mutilée ?

Une personne qui s’est fait dévorer, n’aurait-t-elle aucun droit de faire appel à la justice ? Alors même qu’il existe de nombreuses fautes inexcusables, et que cette plainte concerne une attaque en date du 05 aout 2012, une époque où le risque était encore « tabou » ?

 Mais quelles pourraient être ces « fautes inexcusables » ?

1- le risque à été ignoré, voire caché avec l’étude de 1997 et de 2007 qu’il a fallut exhumer.

2- la note interne de 2008 qui montre que l’état a refusé de prendre en compte le risque requin malgré l’insistance des maitres nageurs.

3- le choix « d’étudier » et de relâcher devant les plages de l’ouest 10 bouledogues et 13 tigres entre octobre 2011 (début du programme scientifique) et le 5 aout 2012, date de l’attaque, qui auraient pu être prélevés.

4- l’absence totale d’informations claires vis-à-vis du risque sur la plupart des plages avant cette attaque.

5- la non prise en compte d’un risque trop fort pour laisser les usagers uniquement « à leurs risques et périls », malgré l’insistance des associations de prévention dès 2011 (messages d’alerte à propos d’un risque fort ignoré).

Il aura fallu attendre d'ailleurs le sacrifice, pourtant évitable, d’une jeune baigneuse le 15 juillet 2013 pour que ce risque démesuré soit enfin considéré, conduisant à l’interdiction.

6- La survenance d’une attaque mortelle à 10km de là, 2 semaines auparavant (Alexandre Rassiga, le 23 juillet 2012), 3ème mort dans le secteur.

7- ET SURTOUT : l’opposition ouverte du préfet de l’époque à la volonté de pêche du maire de St Leu.

 QUI se rappelle qu’il diligentera sur place la vedette maritime et 2 fourgons de gendarmes au port de St Leu, qui veilleront toute la nuit du 30 juillet 2012 pour dissuader les pêcheurs de sortir ???

 Archives du 31 juillet 2012 : http://www.zinfos974.com/St-Leu-Les-gendarmes-ont-veille-toute-la-nuit-pour-decourager-les-pecheurs-de-requins_a45375.html

6 jours plus tard, l’attaque surviendra ! Ne pourrait-on pas imaginer que si cette pêche avait eu lieu, si l’État ne s’était pas opposé, cette attaque, et même d’autres, aurait pu avoir une chance d’être évité ?

(sans parler des responsabilités des scientifiques qui s’opposèrent aux prélèvements, et des pressions juridiques du lobby des associations de protection des requins dès 2011)

 

CONCLUSION :

OUI, l'État est COUPABLE...  coupable de ne pas avoir sécurisé des activités qu’il a lui-même encouragé dans le cadre des politiques publiques d’aménagement et de développement du littoral, menées depuis les années 1980 à l’île de la Réunion.

  Lorsque le risque requin est apparu, au lieu de le prendre en compte, il a été ouvertement ignoré  en 1996 (première alerte de L'AFOC), enterré en 1997 (étude de l'IFREMER) en 2007 (étude de Saint-Pierre) et aussi en 2008 (courrier d'alerte des maîtres nageurs vis-à-vis du risque requin étouffé par l'État et la mairie de Saint Paul)...

 L'État qui a suivi les scientifiques, qui ont mis en place une réserve marine dans une île propice aux requins dangereux, alors que le risque était connu, et que la pêche était stoppée depuis 1999…

OUI, l'État est COUPABLE, n'en déplaise aux innombrables « experts » des forums qui se délectent en s’acharnant sur d'un homme doublement mutilé... et qui passe sur un 2ème  échafaud, social cette fois-ci, simplement parce qu'il ose réclamer un tout petit peu de justice par rapport à un véritable SCANDALE... d’État !

1) Beaucoup de personnes sont modelés par les innombrables poncifs ou idées reçues vis-à-vis de l’attaque de requin :

–Déjà à la base, la seule victime acceptable, c’est « le requin massacré par le pire prédateur planétaire : l’humain ».

- ensuite, les spécialistes, les autorités avec l’aide des médias ont construit des 2011 un schémas de responsabilité facile à assimiler par l’opinion puisque correspondant au discours politiquement correct : « l’océan n’est pas notre milieu », rien n’oblige un surfeur   (déjà la base considéré en tant que trompe-la-mort) d’entrer dans l’eau… il ne peut donc s’en prendre qu’à lui-même

- D’autant que l’ignorance du public renforce leurs convictions : presque tous sont persuadés qu’il y a toujours eu des panneaux alors qu’il y en avait aucun mentionnant l’existence du risque requin avant fin 2012 à cet endroit, soit plusieurs mois après l’attaque à l’origine de la présente plainte (les 1ers datent de fin 2011, mais que au niveau des zones de baignade surveillée, pas sur les spots de surfs)

- enfin, la présentation même d’une attaque joue sur l’émotion les mots sont toujours pour l’animal innocent et dur pour l’humain accusé de vengeance voire d’extermination.

 Tout cela est complété par une litanie de comparaison idiote avec les morts par moustiques ou de noix de coco achevant de ridiculiser le drame humain en le rendant anecdotique.

 Il résulte de ces processus une opinion formatée à la haine de l’humain et que l’on retrouve dans les forums Internet, lieu d’expression privilégiée de cette vaste hypocrisie sociale. Convaincus de détenir la Vérité, il est quasiment impossible imaginer réussir à les faire changer d'avis.

A ce niveau, ce sont les neurosciences qui apportent un éclairage intéressant avec deux théories simples :
- la première mise en évidence par un chercheur américain indique que l’individu bien souvent préfère « trahir sa raison plutôt que son sentiment d'appartenance » (à un groupe de personnes "bien" c'est-à-dire écologiques, voire anti surfeurs/zoreils) dont il partage les valeurs et les règles.
-la deuxième est relative au fonctionnement des médias : le cerveau est plus réceptif à des informations qui vont dans le sens de ce qu'il a envie d'entendre d'une part (l'homme est méchant et empiète dans un territoire perçu comme "n'étant pas le sien"), et d'autre part il est surtout sensible aux informations qui vont dans le sens de sa survie (protéger un requin = sauver l’océan= sauver l'humanité)

 

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