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Requins à La Réunion

-une tragédie moderne-

Compte-rendu et remarques séminaire du Centre Sécurité Requin (CSR) du 25/11/2022

Préambule :

La sous-préfète indique qu’avec le directeur ils partiront avant la fin car il y a visite du Secrétaire d’État à la mer à Saint-Gilles.

Puis elle aborde la situation de deux salariés en arrêt depuis un an, qui portent des accusations de harcèlement moral et psychologique. Elle constate que l’une des deux personnes concernées a envoyé un mail détaillé sur cette affaire aux membres du conseil d’administration 3 jours avant, en indiquant que dans l’état actuel cette affaire encore à l’étude n’a fait l’objet d’aucune décision, puisqu’elle attend de faire valider par le préfet le rapport d’un entretien qu’elle a eu avec cette personne. Elle a précisé que "ce rapport reproduisait les échanges qui se sont tenus de façon fidèle".

Elle indique aussi que pour cet entretien elle a choisi de se faire accompagner de Gilles Lajoie, scientifique avec expérience représentant de l’université, et de « Maya Cesari qui est la vice-présidente » du CSR.

Remarques : Ce propos fait suite au mail de la salariée qui avait indiqué avoir été entendue par Gilles Lajoie (représentant de l’unversité) et Maya Cesari (élue de la Région), et au mail de Mr Nativel (avec également copie aux membres du CA,) qui avait demandé « quelles avaient été les conditions du choix de ces deux personnes et comment se fait-il que les membres du conseil d’administration n’avaient fait l’objet d’aucune information sur cette situation. Et pourquoi le choix de l’élue Maya Cesari ? ».

Mme Veminardi a d’ailleurs un peu plus tard mentionné le fait qu’il s’agit de deux salariés à des postes-clés (chargés de communication et responsable scientifique du programme de pêche) et que à ce titre les membres du conseil d’administration étaient en droit d’être informés.

Mr Nativel a alors demandé à la sous-préfète « depuis quand Maya Cesari est vice-présidente du CSR ? sachant qu’il n’y a jamais eu d’élection de vice-président au CSR ».

 La sous-préfète a reconnu qu’elle n’est pas vice-présidente, qu’elle a confondu avec la réserve marine où Maya Cesari est sa vice-présidente, et que si elle a été choisie ce n’est pas pour cette raison, mais parce que la région est un contributeur important.

Mr Nativel a indiqué que la précédente et 1ère  chargée de communication du centre requin recrutée entre 2016 et 2018 avait elle aussi fait état très largement d’une grande souffrance à ce poste. Il a également indiqué que le scientifique mis en cause est celui qui a la plus grande connaissance sur le sujet, puisqu’il est impliqué depuis les années 90, en étant l’auteur de l’étude de l’IFREMER de 1997 qui prévoyait (déjà) la sécurisation par la pêche d’une aire de baignade en baie de Saint-Paul.

Mr Maurin pose la question du nombre de salariés au sein du CRS, et indique qu’en tant que chef d’entreprise depuis longtemps il trouve que deux salariés avec de tels problèmes pour une structure qui en compte 17, ça fait beaucoup. Cela quoi M Lajoie répond qu’au sein de l’université avec 1700 salariés, il est confronté régulièrement à des problématiques de ce genre.

 Il apparaît regrettable que les autres membres du conseil d’administration n’aient pas du tout été informés d’une situation aussi grave qui dure depuis un an, et qui a des incidences sur le fonctionnement du CSR. Si nous avions fait l’objet d’une information, nous n’aurions pas à découvrir la situation via un mail d’une personne concernée. C’est ce contexte d’absence d’information (alors que nous sommes membres du conseil d’administration) qui nous a conduit à produire un communiqué où cette situation est mentionnée : https://www.zinfos974.com/La-croisiere-s-amuse-a-La-Reunion_a189677.html

 

1)  études scientifiques ADN environnemental et programme EURRAICA (Sébastien Jaquemet)

(je ne rentre pas dans le détail complet mais juste les points importants débattus et pour lesquels il y a des questions ou des remarques qui n’ont pu être formulées)

Mr Jaquemet indique avoir retrouvé la trace d’un seul requin de récif (requin zèbre), sur une station à St Leu, sur l’ensemble des points de relevés réalisés tout autour de l’île.

Remarques : La plupart des scientifiques dressent le constat à l’île de la Réunion où la population des requins de récif aurait été décimée sur le littoral (par les pêcheurs), ce qui aurait conduit à l’installation des requins bouledogue. C’est une des théories romantiques extrêmement répandue par les scientifiques et totalement acquise dans l’opinion (contexte moderne de méchants humains/pêcheurs).

Rien ne prouve cette théorie :

-même si il y a quelques décennies avaient été identifiées des bandes de requins gris dagsits (ce ne sont pas des requins de récif) qui ont disparu vraisemblablement du fait de leur pêche.

-la Réunion est une île jeune (1 million d’années), et de ce fait nous sommes juste un pic sous la mer, sans plateau continental avec de grands récifs développés contrairement à l’île Maurice (9 millions d’années) et à toutes les autres îles de l’océan Indien ou du Pacifique qui ont des immenses plateaux continentaux coralliens sur plus de 10 km parfois tout autour de l’île. (notons que c’est la théorie que nous défendons pour expliquer notre plus grande dangerosité : les requins ayant leur zone de confort en journée entre 50 et 100 mètres, cette zone est très près de la côte chez nous, ce qui permet à des individus déviants (qui se rapprochent parfois en journée plutôt que la nuit) des incursions facilitées à la côte et une éventuelle interaction avec l’humain. Dans les autres îles comme à Maurice, entre cette zone de confort éloignée du fait du plateau continental/corallien et la zone proche du bord où se trouvent les humains, il y a plusieurs kilomètres. Le requin déviant a plus de chance de trouver d’autres proies avant d’arriver à un humain, en plus de ne pas à être à l’aise en évoluant aussi longtemps à la lumière. La zone de confort en journée de 50/100 m de profondeur est une zone obscure, recherchée par les requins car plus favorable pour la chasse pour eux qu’en pleine lumière, les conduisant à chasser plutôt la nuit ou en eau trouble, car ils sont en supériorité vis-à-vis de leurs proies vu leurs autres sens que la vue extrêmement développés).

 Il faut comprendre que cette théorie n’a jamais été considérée par les biologistes car elle va à l’encontre de l’unique causalité qu’ils ont mise en avant depuis le début de la crise requin : un problème de comportement humain associé à une augmentation de l’enjeu (nombre de personnes dans l’eau) ce qui est pourtant faux !

Les comportements humains ont évolué à la Réunion depuis la 1ère attaque sur surfeur en 1989 : nous avons banni les zones sauvages du nord de l’Est et du Sud. Et les comportements des pratiquants nautiques ont évolué également dès le début de la crise en 2011, avec une très forte baisse des pratiques à risque en fin de journée ainsi que dans de l’eau sale.

 Par ailleurs les constats évidents sur le terrain ainsi que les études notamment de Mr Lagabrielle ont montré qu’il y a eu une très nette diminution du nombre de pratiquants alors même que les attaques augmentaient. C’est un point qu’il faut absolument réussir à faire valoir de façon claire avec une communication à la hauteur pour conduire à l’apaisement.

  Par ailleurs, alimentée par cette théorie de disparition des requins de récif à l’île de la Réunion, l’opinion a construit le mythe de populations de requins de récif sur le modèle polynésien où on en voit des centaines. Ça n’a jamais été le cas de la Réunion du fait de nos données géologiques.

 Pour avoir des requins de récif il faut du récif, or nous n’avons qu’un petit récif embryonnaire frangeant sur une trentaine de kilomètres sans véritable « lagon » (c’est juste une dépression d’arrière récif) ainsi qu’une très modeste pente externe récifale.

 Le récif ne pousse pas là où il y a de l’eau douce et l’île de la Réunion avec ses 750 ravines, et la moitié des records mondiaux de pluviométrie constitue un endroit où le récif n’a jamais pu se développer en dehors du littoral ouest moins arrosé.

Il est à ce titre consternant de constater que pour l’opinion et bon nombre de décideurs, la résolution de la crise requin passerait par « un retour des requins de récif, qui chasseraient les requins bouledogue ».

 Là aussi c’est un mythe ridicule qui fait rire tous les pêcheurs : les requins de récif font en moyenne 20 à 50 kg contre des bouledogues de 150 à 300 kg. En admettant que les requins de récif chasseraient plutôt les juvéniles, ça ne tient pas non plus puisqu’ils n’ont pas le même habitat. Les juvéniles bouledogues vivent dans les estuaires troubles voire même remontent dans les étangs/cours d’eau douce, alors que les requins de récif sont plutôt sur les récifs coralliens.

 Dans l’historique, en enquêtant avec les pêcheurs ou les plongeurs présents dans les années 50 à 70, avant que l’on subisse les effets de la surpêche, jamais ils n’ont vu des populations de requins de récif équivalentes à celles que l’on observe dans les autres îles.

 Enfin, il faut savoir que depuis juillet 2015, nous sommes la seule île au monde à avoir un arrêté qui protège 5 espèces de requins de récif, que ce projet a été porté par les associations de prévention avec pour contrepartie la pêche des espèces dangereuses, notamment sur les plages populaires c’est-à-dire dans les zones de niveau 2 de la réserve marine, ce que nous n’avons jamais obtenu en retour.  De plus, nous constatons qu’en 2022, la protection des espèces dangereuses évolue (bouledogue classé en vulnérable par l’UICN en 2020, commerce d’ailerons des bouledogues et tigres interdit depuis novembre 2022 par la CITES) ce qui pose la question d’une stratégie donnant-donnant qui tourne toujours au désavantage de la protection des humains à l’île de la Réunion !

 En conclusion le CSR ne devrait plus mettre en avant cette théorie d’un retour des requins de récif, et devrait privilégier une théorie de reconstruction de l’écosystème au sens large.

 Mais attention il y a un biais : les biologistes locaux s’appuient sur cette volonté de reconstitution de l’écosystème pour demander encore plus de protection via la réserve marine, et refuser de ce fait les légères concessions réglementaires nécessaires pour faciliter la sécurisation notamment dans les zones de niveau 2.

 Après, le point positif d’un point de vue de la communication, c’est que cette théorie aura permis de construire dans l’opinion une image d’un méchant requin bouledogue qui empêcherait le retour des gentils des requins de récif, ce qui contribue à l’acceptation sociale de la pêche du bouledogue.

 Mais là il s’agit d’être cohérent d’un point de vue intellectuel et scientifique, surtout quand on voit qu’énormément de temps, d’argent, et d’études sont engagés depuis le début dans cette quête du requin de récif, devenue une sorte de « Graal réunionnais ».

 

Question des études sur la ciguatera/carchatoxine :

Mr Jaquemet indique avoir toujours continué à alimenter les services vétérinaires de la DAAF d’échantillons à des fins d’analyse, mais sans jamais avoir de retour.

Mr Cail indique que 800 000 € ont été dépensés dans le programme ciguatera depuis 2011.

 Remarques : il conviendrait de refaire un point précis sur le dossier ciguatera.

D’autres solutions existent, c’est un principe de protection abusif sachant que nous sommes le seul endroit au monde et de l’océan Indien où cette interdiction est en vigueur, alors même qu’on nous assure que les requins seraient migrateurs (à part Mayotte où nous avions signalé l’anomalie en 2013, et suite à quoi le préfet Marx de l’époque pour seule réponse a élargi l’interdiction là-bas aussi en 2014)

Par ailleurs, si le CSR est capable de donner ce chiffre précis sur la ciguatera, pourrions-nous avoir les chiffres précis des dépenses par année selon les postes : études scientifiques ( par rubriques : sur les poissons, sur les EPI, expérimentations in situ abouties et non abouties, drone, filets électromagnétiques, caméras, etc), action de prévention, sécurisation vigies, sécurisation Water patrol, communication, équipements du CSR, évolution de la masse salariale, etc.

 Un tel récapitulatif permettrait d’avoir une lecture claire de l’évolution des orientations du CSR (CRA, C4R) année par année, et par poste, ce qui répondrait en passant de façon factuelle sans polémique à notre volonté de transparence/d’audit sur les moyens engagés depuis 2011. Un tel document d’évaluation récapitulatif de l’évolution des dépenses et investissements poste par poste existe dans toutes les structures privées et encore plus publiques. Il permettrait de mieux planifier l’avenir.

 

 Mr Jaquemet a fait une présentation où il indique clairement que les requins se reproduisent et mettent bas à l’île de la Réunion, et a mentionné pour la 1ère fois dans un cadre scientifique l’idée d’une philopatrie (les requins reviennent pour mettre bas là où ils sont nés).

Remarques : Nativel via son association de l’époque précise que, via un travail au plus près des pêcheurs sur le terrain, il a été le plus grand contributeur privé de ce programme ADN juvéniles (avec une trentaine d’échantillons fournis).

 La mise bas sur les côtes constitue une évidence qu’on a toujours défendue au vu du très grand nombre de juvéniles présents à la côte et de femelles pleines à naître capturées.

 Cette information est capitale, et il faut la diffuser à grande échelle (communication) puisque jusqu’à présent, ce qui faisait foi c’est le programme CHARC, qui avait refusé de reconnaître les naissances sur les côtes réunionnaises malgré tous les éléments disponibles, car ce programme avait pour objectif d’indiquer que les requins seraient « présents en hiver pour se reproduire (d’où l’idée un risque accru QUE à cette période) et partirait ensuite pour mettre bas ailleurs (loin) ».

 Car si ils avaient validé à cette époque que les requins mettaient bas à l’île de la Réunion, du fait de la philopatrie, cela aurait voulu dire que ce sont des requins fidèles à notre île, ce qui aurait confirmé le sens d’un intérêt de leur pêche à des fins préventives.

Cette théorie de requins migrateurs aura permis (et permet encore aujourd’hui) de décrédibiliser toute idée de pêche d’une part puisqu’il suffirait selon elle juste « d’être prudent en hiver », et d’autre part du fait de ce caractère soi-disant migratoire qui donnerait à la pêche à l’île de la Réunion un rôle néfaste sur l’espèce à une large échelle : en tuant des requins à l’île de la Réunion, on tuerait finalement toutes les populations des océans.

 C’est un argument encore très présent aujourd’hui, toujours défendu par nos biologistes (et de ce fait repris par les juges pour motiver leur jugement) et qui a motivé d’ailleurs les dernières mesures de protection internationales récentes (confère rapport UICN mars 2022 https://uicn.fr/gestion-du-risque-requins-prevenir-plutot-quabattre/ ).

 Le fait de communiquer de façon claire et conséquente sur ces données nouvelles permettrait de réduire considérablement la force de l’idée de requins migrateurs dans l’opinion.

 Le problème c’est que toutes les évidences sur lesquels il faut impérativement communiquer vont à l’encontre des arguments des biologistes, qui conseillent le préfet et le gouvernement… sachant que ce sont également les arguments des opposants à la pêche.

 La reconstruction de la vérité factuelle est à ce titre le principal point de blocage au dialogue, car nous ne pouvons évoluer indéfiniment sans qu’elle soit établie. Or l’État qui dirige le CSR n’est toujours pas prêt à valider des arguments contraires à ceux défendus mordicus par ses plus proches conseillers scientifiques.

Mr Jaquemet a aussi indiqué que (dixit) "sur 40 requins bouledogue adulte et juvéniles, un seul n’avait pas les mêmes caractéristiques microchimiques des vertèbres. et provenait de ce fait d’ailleurs. Les résultats suggèrent effectivement qu’un seul individu sur les 40 étudiés aurait pu avoir passé les 4 premières années de sa vie dans un environnement différent de celui des eaux réunionnaises, sans pour autant identifier son origine. (il n’est pas exclu (ndrl mais peu probable) qu’il ait grandi à La Réunion dans un environnement très différent de tous les autres et que nous n’aurions pas échantillonné)".

Remarques : cela conforte l’idée d’une population de requins bouledogue non migratrice, inféodée à nos côtes (et Maurice proche), ce qui apparaîtrait logique vu notre grand isolement dans l’océan Indien, et sachant leurs caractéristiques principales de « requin côtiers ».

ATTENTION : il ne s’agit pas de nier qu’il y a quelques échanges dans les populations à l’échelle de l’océan indien, mais ceux-ci seraient bien moindres qu’ailleurs vu notre isolement.

 Là aussi il faudrait impérativement communiquer largement sur cette information.

 Mr Jaquemet met en avant (d’après l’analyse des contenus stomacaux) des profils individuels chez les requins bouledogue.

Remarques : l’idée de profil individuel qu’on peut le constater chez les animaux terrestres notamment prédateurs (groupe ou animal isolé agressif) peut laisser supposer selon l’hypothèse de Clua (scientifique Polynésie) qu’on pourrait avoir (eu) à faire à des spécimens plus agressifs et entreprenants vis-à-vis de l’humain, avec un comportement plus « déviant » c’est-à-dire présent inhabituellement fréquemment en plein jour à la côte, comme cela a été montré dans le programme CHARC pour Fanny et Estelle par exemple.

 Cela rejoint la théorie présentée plus haut en remarque d’un plus grand risque d’interactions à l’île de la Réunion du fait de nos caractéristiques géologiques.

 Cela peut conduire à l’hypothèse que parmi les 600 requins prélevés, il y aura eu des spécimens plus accidentogènes, ce qui permettrait d’expliquer l’absence d’attaques depuis trois ans et demi alors que le nombre de pratiquants a explosé (de 500 en 2019 à bien plus de 2000 selon nous en 2022 ?), et alors que le nombre de requins bouledogue péchés est en baisse constante.

 Mr Jacquemet met en avant le fait que les tigres mangent beaucoup de déchets, de restes d’animaux terrestres près des côtes, et présice qu’il ne faut pas sous-estimer le rôle écologique (et sanitaire) des requins tigre lorsqu’ils sont proche des côtes.

 Remarques : ce type d’argument est utilisé depuis longtemps pour justifier l’arrêt de la pêche des requins tigre. Même si leur rôle d’éboueur des mers est indéniable, il existe une multitude d’autres animaux carnassiers qui mangent les déchets en mer, et notamment tous les crustacés qui finissent les restes une fois décomposés. Au demeurant, il n’y a pas de menace sur les populations de requins tigres très prolifiques, que tous les pêcheurs constatent encore aujourd’hui en abondance autour de l’île.

 Mr Jaquemet met en avant l’étude de la dynamique des populations exploitées par la pêche : quand l’effort de pêche reste constant et que le nombre de captures diminue, cela est considéré comme une diminution de l’abondance du stock exploité. Les données du programme de pêche analysées et publiées avec la collaboration d’experts internationaux (Niella et a. 2021, Marine Biology) ont montré qu’il y a une diminution significative dans les captures de requins bouledogue sur la côte ouest de l’île entre Le Port et St Pierre. Cela peut s’interprété comme une diminution des effectifs sur cette partie de l’île. Le requin bouledogue étant un prédateur supérieur, la diminution de ces effectifs pourrait avoir des conséquences écologiques difficilement prévisibles, mais aux conséquences néfastes pour la société humaine, sans que cela soit avéré pour le moment.

 Remarques : la baisse importante des captures ne signifie pas automatiquement une baisse importante de la population. Dans son analyse il ne tient pas compte de l’effet répulsif des engins de pêche que les espèces animales ont tendance à éviter une fois qu’ils ont été identifiés et repérés comme potentiellement dangereuse. C’est d’ailleurs ce qui s’est constaté en Australie et en Afrique du Sud, où ils ont 50 ans d’expérience voire plus de pêche préventive, avec également dès les premières années une baisse importante des captures, sans pour autant que soit mis en avant une menace sur les populations du fait de cette pêche.

 Les captures toujours nombreuses de juvéniles bouledogue à la côte ces dernières années constitue une preuve que la population est loin d’être décimée. Le CSR devrait être le relais du soutien à la pêche traditionnelle qui a été faite jusqu’à présent uniquement par les acteurs associatifs. Mais ces éléments en faveur d’une prolifération et d’un impact modéré de la pêche préventive ne sont pas souhaités par nos biologistes.

La sous-préfète met en avant l’idée qu’il y a un problème de comportement humain avec tous ces déchets d’animaux terrestres retrouvés dans l’estomac des requins

 Remarques : Mr Nativel lui répond que nous sommes la seule île au monde où existe depuis juillet 2012 un arrêté préfectoral d’interdiction de rejet des déchets à la côte, et que dans tous les autres ports de la planète et notamment de l’océan Indien ils n’ont pas d’attaques équivalentes. Il y a énormément de déchets de poisson à la surface dans les autres ports de l’océan Indien et partout dans le monde, et donc, même s’il y a encore des progrès à faire chez nous, il est impossible d’établir une corrélation entre attaques et comportement de Réunionnais « irréductibles pollueurs », d’autant que nous avons cette règle d’interdiction qui n’existe pas ailleurs.

 Mr Jaquemet met en avant une (dixit) "une période d’accouplement en hiver austral (juin-septembre), d’une période de gestation de 11-12 mois et une mise bas en début d’été austral l’année suivante (novembre-février). Dans ces conditions, nous en avons déduit une période de stockage du sperme par les femelles entre la période d’accouplement et le début du développement des embryons, comme cela a déjà été démontré chez d’autres espèces, dont le requin tigre (4-5 mois de stockage de sperme). L’estimation de la maturité sexuelle a été estimée à 9-12 ans selon les sexes chez le requin bouledogue à La Réunion, bien qu’il existe de la variabilité naturelle entre les individus. Ces estimations sont basées sur l’observation du développement des organes reproducteurs lors des dissections. La taille à maturité sexuelle fait parti de résultats publiés (Pirog et al. 2019, Journal of Fish Biology) et les estimations d’âge sont liées à une publication sur l’étude de la croissance et l’estimation de l’âge chez le requin bouledogue à partir de l’analyse des vertèbres (Hoarau et al. 2021, Journal of Fish Biology)."

 Remarques : Ce sont là aussi des données très largement contestées par les usagers puisque toute la bibliographie historique indique depuis toujours une maturité sexuelle entre 4 et 6 ans pour les requins tigre et bouledogue. L’étude de John Werry sur près de 1000 requins bouledogue présente des femelles gravides à partir d’un 1,6 m/1,8m, ce qui correspond à un âge d’environ 4 ans

Lien étude Werry :  https://research-repository.griffith.edu.au/bitstream/handle/10072/365784/Werry_2010_02Thesis.pdf?sequence=1&isAllowed=y

Photo femelle bouledogue gravide avec 15 fœtus, extraite du l' étude de Werry 2010

  Il y a une tendance très nette ces dernières années parmi les biologistes sur la planète à allonger l’âge de maturité sexuelle ou encore du nombre de petits à la naissance, afin d’entretenir l’illusion générale  d’espèces « très fragiles ». Si cela est vrai pour certaines espèces de requins, ce n’est pas le cas pour les requins bouledogue.

 Il faut absolument communiquer de façon objective là-dessus car cet argument de difficulté de l’espèce à se reproduire est utilisé à chaque fois pour s’opposer à la pêche

Il est impératif de communiquer sur les nombreuses femelles pleines pour donner une idée de la prolifération/robustesse de l’espèce, ce qui permet de justifier la pêche et l’absence totale de menace sur ces espèces.

Par ailleurs beaucoup de femelles bouledogue pleines ont été capturées en plein hiver, ce qui va dans le sens de naissance par uniquement en été, et dans un accouplement pas uniquement en hiver.

 Mr Jaquemet indique (dixit) "suivre depuis plusieurs années certains réseaux sociaux afin d’avoir de façon indirecte des informations sur les espèces de raies et requins qui sont pêchés par les pêcheurs de loisir sur les littoraux réunionnais. Nous avons constaté qu’au moins une vingtaine d’espèces était régulièrement capturés, parmi lesquelles 4 espèces qui sont sur la liste rouge des espèces de l’IUCN. . La Réunion doit être attentive à la bonne gestion de ces espèces compte tenu du fait que ces espèces sont menacées par les activités humaines à l’échelle mondiale".

Remarques : Un intervenant (vraisemblablement pas M Jaquemet) a indiqué que les gens sur les réseaux sociaux « sont sensibles à la protection des espèces ». Il faut tenir compte du fait que les réseaux sociaux sont accaparés par des légions de e-citoyens non concernés, utilisant de très nombreux clichés et contrevérités. C’est ce qui a été montré dans l’étude de communication de 2014 financée par la DEAL Réunion. Il serait important à ce titre de communiquer de façon claire et objective sur la bêtise absolue de ce genre de comparaison pourtant reprise encore aujourd’hui par les biologistes, les musées, les aquariums nationaux et les grands médias, et qui conduisent à ridiculiser la politique préventive et ses acteurs. Il est impossible pour nous de faire le poids face à une communication massive planétaire faisant passer le requin pour une victime au bord de l’extinction.

 Ce n’est pas parce qu’une opinion manipulée exprime un avis qu’il faut s’y ranger.

 Il existe par exemple l’idée très répandue que les requins seraient pêchés dans le monde pour leur délit de sale gueule alors que la pêche préventive Australie/Afrique du Sud/Île de la Réunion ne représente même pas 1500 spécimens par an sur 100 millions de requins pêchés dans le monde chaque année. La France métropolitaine à elle seule pêche 3 à 4 millions de requins chaque année destinés à la consommation.

Nécessité absolue d’une très large campagne de communication à ce niveau.

  Il en va de même pour les consultations publiques. Dans le cadre de la sécurisation de Boucan Canot avec de grands filets qui venait d’être lancée fin 2015, la pêche (pourtant prévue dans le programme global validé par l’État) avait été retoquée en mai 2016 au tribunal administratif notamment pour absence de consultation publique. Début 2017, l’État a organisé une consultation publique qui était partagée immédiatement des milliers de fois sur les réseaux sociaux de nos opposants. Les habitants de Boucan Canot n’étaient même pas au courant qu’il y avait une consultation publique. Résultat : 85 % de gens contre (comme à chaque fois que l’humain est confronté à la nature désormais).

 En 2022, un juge administratif a utilisé le résultat de cette consultation publique pour débouter la pêche après observation dans son jugement.

 Sachant que ce type de procédure est de plus en plus souvent exigée, il est impératif de faire évoluer d’une part la réglementation pour ne plus être soumis à ce type de procédure, et d’autre part de trouver un moyen d’avoir des résultats correspondant prioritairement à l’avis des personnes directement concernées sur place.

 

2)  Mr Lagabrielle : suivi de l’évolution du nombre de pratiquants et de leur répartition

 Mr Lagabrielle présente différents systèmes permettant de compter et rappelle les données qu’il a déjà publiées, à savoir que le risque à la Réunion a été démesuré durant les premières années de crise, puisqu’on a constaté une forte baisse des pratiquants alors que les attaques ne cessaient d’augmenter.

 Remarques : le travail de Lagabrielle prouvant l’augmentation démesurée du risque était constaté dès le début sur le terrain, mais avait toujours fait l’objet de contestations de la part des autorités puisqu’il s’agissait d’un simple constat du terrain.

 Désormais nous avons des études scientifiques qui donnent des éléments pour établir la vérité et lutter efficacement contre les clichés les plus viraux encore aujourd’hui tels que «  c’est l’augmentation du nombre de pratiquants qui a conduit à l’augmentation du nombre d’attaques ».

 Mr Nativel rappelle que ceux qui fréquentent régulièrement le bord de mer observent les changements, qui ne sont trouvés que des années après par les études scientifiques, et plaide pour une reconnaissance des observations empiriques.

 Ainsi actuellement Nativel estime à près de 2000 le nombre de pratiquants, presque tous « libres » (c’est-à-dire en dehors des créneaux protégés) et alerte sur le constat d’une explosion des ventes de planches notamment cette dernière année.

Mr Pinault de l’Étang-Salé explique qu’il rencontre des familles avec des planches en mousse achetées en nombre dans des centres commerciaux. Ces familles, souvent installées que pour quelques années, ne savent même pas que l’océan est interdit. Il indique également que ces familles n’achèteront jamais les EPI.

Mr Nativel demandent à la sous-préfète le positionnement de l’État face à cette explosion du nombre de pratiquants en situation d’interdiction. La sous-préfète répond « qu’ils ont des EPI »

Mr Nativel rappelle que le port d’EPI n’affranchit pas de l’interdiction qui s’applique à tous, et rappelle qu’il s’agit de gadgets coûteux fragiles et très difficiles à entretenir.

 Il rappelle également qu’il y a une énorme hypocrisie notamment en les imposant pour les zones ex, puisque la minorité de ceux qui les utilisent les utilisent justement pour leurs pratiques « libres », et non pas pour une pratique en zones aménagées/surveillées.

Mr Nativel indique que selon lui seul 3 à 5 % de la pratique (en volume de lieux/créneaux horaires et en nombre de pratiquants) serait surveillé par la Water patrol, et dans une moindre mesure du fait de leur faible ouvrabilité par le dispositif vigies.

 Il conviendrait d’avoir une évaluation de l’efficience de la sécurisation par rapport au volume de pratiquants présents dans l’eau actuellement, et également une évaluation du nombre de pratiquants utilisant un EPI à l’efficacité reconnue (et en état de marche).

Devant ces arguments, la sous-préfète demande (à moi-même représentant le département) « de mettre plus d’argent » afin de multiplier les systèmes vigies/water patrol.

 Même si la water patrol est bien plus efficiente avec une plus forte ouvrabilité, il n’est pas réaliste de mettre plus d’argent surtout dans un contexte où la sécurisation des activités nautiques est considérée par l’opinion majoritaire populaire locale comme un luxe ne profitant qu’à une minorité de blondinets zoreils privilégiés.

 Là-dessus Mr Nativel rappelle qu’il demande depuis des années un programme pédagogique afin de réconcilier les Réunionnais avec l’océan.

Le sous-préfet de Saint-Paul en septembre 2019 nous avait assuré que nous allions être associés à un programme pédagogique mis enfin en place. Finalement ce programme a été récupéré par les biologistes, et nous avons eu aucune nouvelle depuis.

 Si ce programme produit depuis (???) n’est là que pour expliquer que la place des requins c’est dans la mer et celle des humains sur la terre, cela ne fera qu’aggraver la situation. (MAJ : c'est le cas : lors du CA 19 décembre 2022, la direction du CSR a confirmé que ce programme est depuis longtemps uniquement dans les mains des biologistes référents du rectorat)

 Il faut un réel programme pédagogique en dehors de toute polémique qui indique juste l’importance pour une île de préserver un accès au littoral dans une perspective de développement économique et humain.

 Et cela en montrant en parallèle que les pratiquants nautiques sont ceux qui sont le plus impliqués dans la protection des océans. Cela permettrait de combattre le cliché très vivace selon lesquelles nous serions des « consommateurs irresponsables et irrespectueux de l’environnement ». De plus ces pratiques nautiques sont hautement écologiques puisqu’elles utilisent la force motrice des vagues.

 Notons que lorsqu’on explique que l’océan est interdit, l’argument édifiant des représentants de l’État « c’est faux : regardez il y a des bateaux des jet skis etc. » (apparemment cet argument a été utilisé en réponse à une question d’un journaliste par le secrétaire d’État sur le Grand Bleu le 25 novembre 2022)

 Alors que de l’autre côté on n’arrête pas de nous bassiner avec l’écologie le développement durable, ce sont justement les pratiques les plus soutenables d’un point de vue environnemental qui sont interdites à l’île de la Réunion, ce qui constitue un non-sens absolu.

 

3) études juridiques sur le droit administratif par le docteur en droit Mr Futhazar

 Beaucoup de choses très intéressantes ont été dites, même si le débat changeait de sujet de temps en temps, vu que nous étions en fin de réunion

 Les études portent sur les possibilités de faire évoluer l’arrêté d’interdiction.

 Le juriste prend l’exemple des avalanches vis-à-vis desquels nous avons 100 ans de recul.

 Les représentants de la CIVIS pose la question de la responsabilité des maîtres-nageurs en cas d’absence de remontée à la police si des gens sont dans l’eau, notamment en cas d’observation de requins.

Il pose également la question du nombre de panneaux suffisants pour dégager la responsabilité des collectivités.

Me Lavaux du syndicat professionnel des activités de pleine nature (SYPRAL) demande une clarification des règles qui s’imposent aux professionnels pour offrir leurs prestations sans risquer d’engager la responsabilité, car c’est un problème récurrent depuis le début.

Remarques : au vu de l’exposé, il n’y a strictement aucune perspective d’évolution de l’arrêté d’interdiction contrairement aux croyances répandues dans la communauté nautique depuis des annonces en ce sens de la préfecture en 2019, puisqu’il s’agit d’un domaine flou en plus d’être un risque lié à un animal, mais qui s’apparente également à un risque naturel.

 L’absence de recul sur ce genre de problème laisse imaginer que la situation d’une interdiction provisoire reconduite va perdurer indéfiniment.

Mr Nativel rappelle que à Boucan Canot, le poisson a plus de droit que l’humain : si on blesse un requin qui attaque un enfant, on sera poursuivi au tribunal. Il rappelle qu’à chaque fois que le préfet décide de pêcher en zone de protection renforcée, les extrémistes attaquent au tribunal administratif et gagnante. D’où la nécessité absolue d’une évolution.

Il propose que l’on se base sur le code de l’environnement province Nord et Sud de Nouvelle-Calédonie où est mentionné : « en cas d’absence de moyens suffisants pour protéger les vies humaines, il est possible de déroger à la règle de protection des espèces ».

L’ajout de cette phrase dans le règlement de la réserve marine permettrait de sécuriser convenablement dans ce secteur sans risquer de perdre au tribunal. Rappelons que les zones de protections renforcées de la réserve marine englobent toute les plages historiques populaires de sable blanc.

 À ce niveau, il convient de s’interroger : comment se fait-il qu’avec une sous-préfète présidente de la Réserve Marine, et également présidente du centre sécurité requin, la question de l’adaptation des règles de la réserve marine à la problématique requin n’a jamais fait l’objet d’aucune volonté ou débat malgré d’innombrables sollicitations depuis 2011 !!! Est-ce un tabou ?

À chaque fois le sujet est balayé de la table alors que cette double présidence devrait faciliter cette évolution incontournable à des fins de pérennisation de la politique publique de réduction du risque.

Mr Nativel rappelle que dans le cadre de la procédure au tribunal administratif portée actuellement par l’association Elio Canestri pour faire lever l’interdiction de commercialisation de la chair des requins bouledogue, nos opposants se sont constitués avec leurs avocats pour épauler la préfecture. Cette situation n’est pas sans poser un problème de morale et interroge sur la volonté réelle de la préfecture de faire évoluer ce dossier.

 Il faut rappeler que c’est le préfet Sorain qui avaient demandé à Giovanni Canestri de porter l’affaire au tribunal administratif afin que cette interdiction évolue, puisque lui-même ne pouvait rien faire en tant que préfet.

Mr Nativel interroge le juriste sur la situation où des centaines de personnes sont dans l’eau quotidiennement en bravant l’interdiction, et que presque tous les jours les gendarmes constatent en flagrance ces infractions sans intervenir, alors que pourtant l’interdition est maintenu en raison d’un danger grave et mortel. Le juriste indique que dans ce cas, pourrait être mis en avant la question d’une carence dans l’application de la loi par les forces de l’ordre en cas d’accident.

 Autre problème non abordé : régulièrement, les arrêtés d’interdiction ne sont pas mis à jour sur les panneaux d’affichage en bord de mer. En cas d’attaque, est-ce qu’il y a une faute de l’État ?

Mr Nativel souligne le flou entre la pratique palme-masque-tuba qui est interdite dans la bande des 300 m, mais pas au-delà pour les sorties baleines/dauphins par exemple. N’y-a-t-il pas là une incohérence voire une inégalité de traitement ?

 Mr Nativel demande également que le CSR se serve de sa légitimité institutionnelle pour intervenir au plan national et international afin de limiter les mesures de conservation outrancière que l’on a constaté récemment, comme le classement du bouledogue en espèce vulnérable en 2020 par l’UICN par exemple.

Les données accumulées peuvent être présentées afin de tenter de contrebalancer certaines décisions, le plus souvent motivées davantage par les pressions du lobby de protection des requins que par la réalité des espèces et du terrain.

 Il est indispensable d’être présent sur l’échiquier national et international, et d’y défendre l’efficacité de la pêche préventive ainsi que son caractère dérisoire en regard du volume de requins pêchés sur la planète.

Cela permettrait de sécuriser la politique préventive engagée car sinon, elle risque de ne plus être possible une fois mises en place des règles de protection infondée pour ces espèces. Cela éviterait en même temps le renforcement dans l’opinion de l’idée entretenue depuis le début par nos opposants « d’un massacre sur des espèces protégées ».

 Le CSR doit également mettre en place une veille et un service juridique efficace afin de lutter contre les opposants à la sécurisation. Dans un contexte où l’animal semble avoir plus de droits que l’humain, le préfet de la Réunion devrait demander au gouvernement de sécuriser d’un point de vue législatif les acteurs publics de la prévention, afin d’asseoir et protéger leurs missions à des fins de pérennisation. Car on constate que sans relâche les puissantes O.N.G. de protection des animaux et des requins renforcent le cadre législatif qui réduit les possibilités d’action sur la nature, sur les animaux, et notamment les requins, même si elles constituent les seuls moyens efficaces pour sécuriser les humains et préserver un développement économique durable et respectueux.

 Concernant l’interdiction, celle-ci n’a plus aucune raison d’être. Pour preuve aucune des procédures engagées par les familles et survivants, avant ou après l’interdiction, n’a abouti à une quelconque condamnation, ce qui constitue une solide jurisprudence pour que l’État et les collectivités arrêtent de faire croire que leur responsabilité pourrait être engagée si on passait au simple « risque et péril ». Le risque et péril est la règle en vigueur dans tous les pays confrontés aux attaques de requins… Sauf à la Réunion.

En Australie et en Afrique du Sud il n’y a jamais eu d’interdiction autre que momentanée de deux jours maximum, alors qu’il y a eu des attaques même durant des compétitions.

 Notons qu’ils n’ont jamais exigé des gadgets répulsifs ou encore une quelconque visibilité  indispensable pour valider un déploiement de sécurisation comme cela est le cas ici chez nous (en Afrique du Sud ou en Australie, la visibilité n’existe pas la plupart du temps).

 

 Remarques générales en conclusion :

Le Centre Sécurité Requin a été transformé en GIP, dans lequel c’est la participation financière qui attribue le pourcentage des voix. C’est un mode de fonctionnement totalement anti démocratique et qui ne tient pas compte des compétences, des connaissances ou encore des débats puisqu’il ne repose que sur l’argent mis sur la table : c’est la loi du plus riche (doublée de celle du plus fort = l’état)

 La sous-préfète est quasi majoritaire avec 44 %. Associé avec l’élue de la région d’Huguette Bello 27% et l’élue de Seraphin pour Saint-Paul 7%, elles représentent 78 % à elles trois.

De l’autre côté Mr Nativel pour le département 6%, Trois Bassins 1%, St Leu 3,5%, et l’Etang Salé 1,5%, nous représentons 12 %.

Du fait de notre pourcentage dérisoire, dès qu’on aborde un sujet gênant ou une contradiction, on est accusé de revenir sur le passé, la parole nous est coupée et on change de sujet de façon arbitraire, en nous disant « qu’on n’a qu’à mettre plus d’argent ». C’est comme ça depuis que nous sommes élus dans cette structure.

 À ce titre, nous nous interrogeons sérieusement sur l’intérêt de continuer à siéger dans une instance où notre rôle se réduit à celui de faire valoir de décisions imposées et que nous estimons contestables.

 C’est d’ailleurs vraisemblablement ce qui nous attend pour le projet de relâcher/marquage des jeunes requins tigre vis-à-vis duquel nous nous sommes positionnés contre jusqu’à présent, mais qui apparemment est prévu d’être validé au prochain conseil d’administration.

Il y a de nombreuses études qui font état d’une croissance très rapide des tigres et bouledogues, avec une dangerosité potentielle dès 3 à 4 ans. Quand on connaît les immenses difficultés pour les capturer, et encore plus pour les re capturer, il est absolument irresponsable d’envisager de les relâcher.

Nous avons les outils et  des solutions pour tendre vers une résolution durable : il faut rappeler que toutes les solutions actuelles et les protocoles concernant les vigies, la Water patrol, la pêche préventive, les smarts drumlines etc. ont été apportées en totalité ou en partie par les acteurs du terrain.

 C’est l’État/CSR qui a la légitimité et 100 fois plus d’argent que nécessaire pour mener à bien les points d’évolution que nous demandons depuis des années, pour la plupart gratuits d’ailleurs.

 

Demande d’apaisement vis-à-vis des réseaux sociaux de Michael Hoareau :

En l’absence d’information et de communication claire, nous nous contentons juste de faire le travail pour lequel nous avons été élus, et à ce titre nous dénonçons régulièrement ce qui apparaît comme des dysfonctionnements.

Hoareau a proposé que nous fassions les demandes au CSR en cas de questions ou d’incompréhension, plutôt que d’attaquer le centre ou les personnes sur les réseaux sociaux.

 Il convient de noter que nos propos publics sur le centre et ses membres constitue un volume minuscule par rapport à ceux qui sont tenus par les autres acteurs, notamment nos opposants communs bénéficiant de surcroît du relai les grands médias, en plus d’avoir le soutien des scientifiques notamment locaux, les mêmes qui conseillent le préfet. Sans parler du fait qu’ils bénéficient de budgets de l’ordre de plusieurs dizaines de millions, acquis via des donations le plus souvent grâce à l’entretien dans l’opinion de l’idée fortement exagérée d’espèces menacées, massacrées, sans oublier l’instrumentalisation de notre tragédie à des fins de notoriété.

 Enfin quelques éléments relatifs à la communication centrale dans ce dossier, déjà abordée dans quelques chapitres de cette synthèse :

 Il y a un immense travail de réhabilitation de l’image du  pratiquant nautique (« surfeur ») dans la communauté réunionnaise notamment, et de communication sur l’ancrage insulaire de cette pratique, et sur le fait qu’elle est pratiquée par de nombreux locaux.

 Réhabilitation également par rapport à l’idée reçue d’un consommateur anti écolo irrespectueux des règles, même si comme partout il y a quelques comportements imprudents.

 Il faut rétablir la vérité par rapport au propos d’Antonin Blaison d’octobre 2011 qui avait indiqué « ce n’est pas un problème de requin mais un problème de comportement humain ».

  Il convient juste d’assumer le fait qu’il y a eu des erreurs initiales, comme les 10 ans de recul permettent de le constater :

-non prise en compte de la présence de requins dans le point zéro de la réserve marine (d’où une réglementation inadaptée)

-Non prise en compte de l’étude de Séverin 2000 (phénomène de désinhibition des requins) des études de 1997 Ifremer et 2007 mairie de Saint-Pierre : état des lieux alarmants sur le risque requin à cette époque déjà dans les zones isolées et sauvages de l’île, non prise en compte de l’étude majeure de Werry 2010 sur 1000 requins bouledogue et qui donne des données édifiantes sur les capacités de reproduction de cette espèce.

 Ces quatre études sont totalement absentes du programme CHARC qui pourtant indiquait dans le préambule de sa conclusion avoir fait une revue « exhaustive » de toutes les études et informations disponibles. Il convient également de relativiser définitivement certaines des conclusions ce programme scientifique, qui se sont révélées fausses ou incomplètes, d’autant qu’elles sont encore utilisées pour décrédibiliser la politique préventive menée actuellement par le CSR.

 Ce ne sont qu’avec des bases communes objectives et justes que l’on pourra espérer construire une politique publique efficace, consensuelle et durable.

MAJ IMPORTANTE (06 janvier 2023) : lors du conseil  d'administration du 19 décembre 2022, Mr Nativel a remarqué qu'il manquait bon nombre de documents indispensables tels que les comptes-rendus des séances précédentes (qui n'ont jamais été validés par l'assemblée délibérante), les comptes-rendus de certaines affaires, ainsi que de nombreux documents comptables (notamment les comptes de résultat 2022 et 2021) et que de nombreuses règles comptables applicables aux collectivités d'après la convention constitutive du GIP CSR ne sont pas respectées (orientation budgétaire et budget prévisionnel présentés le même jour par exemple) de même que les règles de la convention constitutive du GIP CSR qui impose par exemple 4 conseils d'administrations par an… et nous n'en aurons eu qu'un seul en 2022 !!!

 Un manque de transparence inquiétant sur les affaires de harcèlement présumé en cours, concernant deux postes-clés la communication et la pêche, la modification du plan de financement de la région pourtant annoncée par courrier depuis juillet 2022 mais qui n'avait pas été transmis aux membres du conseil d'administration (suite à cette intervention, ça a été enfin fait fin décembre 2022)

 En ce début janvier, nous n'avons toujours pas été destinataires des pièces demandées et de réponses afférentes à ces manquements...