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Requins à La Réunion

-une tragédie moderne-

Le mensonge scientifique d'une Réserve Marine "innocente" continue

 

 

 Un article paru récemment le 9 novembre 2020 dans le journal Libération met en avant le propos de Jean-François Nativel, avant de l’opposer à une « étude scientifique » qui clame l’absence d’impact de la réserve marine sur la présence des requins bouledogue, et donc des attaques de requins.

 Cette étude présenterait des « arguments implacables » puisqu’elle indique sur 18 requins détectés dans la période de l'étude que :

- 13 requins bouledogue ont passés plus de temps à l’extérieur.

- 5 femelles requins bouledogue ont passé plus de temps à l’intérieur.

1- Or, la surface de la réserve marine ne représente que 40 km de linéaire sur 208 km de côtes soit, moins de 20 %. Il apparait donc logique de constater qu’ils sont majoritairement plus présents dans les 80 % du littoral sans réserve que dans les 20 % du littoral en Réserve.

 Sans compter le fait que la réserve marine englobe sur ces 40 km quasi exclusivement que des zones coralliennes où se trouvent les plages de sable blanc.

 Les 168 km restants de linéaire côtier à l’île de la Réunion sont essentiellement les zones où il y a de très nombreuses rivières chargées en sédiments, où l’eau au bord de mer est toujours turbide, et donc constitue une zone de confort privilégié pour les requins bouledogue, qui affectionnent particulièrement l'eau trouble et l'eau douce.

 Il apparaît donc totalement logique que les requins bouledogue se maintiennent plutôt dans les zones à très forte turbidité qu'affectionnent cette espèce représentant de surcroît 4/5 du pourtour de l'île, plutôt que dans le 1/5 que représente la Réserve Marine, de surcroît essentiellement corallienne avec de l'eau plus claire.

2- Par ailleurs, toutes les études ont montré que les "zones de confort" des requins bouledogue, où ils se maintiennent le plus souvent notamment journée, se situent dans des profondeurs de 50 à 100 m de profondeur.

Or le périmètre de la Réserve Marine englobe QUE la zone littorale du bord de mer de 0 à 50 m de profondeur. En dehors d’un comportement exceptionnel ou déviant, les bouledogues fréquentes le bord de mer plutôt la nuit, ou après des épisodes de houle ou de pluie, c’est à dire là non plus pas la majorité du temps.

3- Enfin, le périmètre de la Réserve représente "QUE" 34 km² (3400 ha) sur les 300 000 km² de ZEE (Zone Economique Exclusive d’océan) qui entourent l’île de la Réunion, soit 1/10 000 des eaux qui sont considérées comme celles de la Réunion. Pour rappel, les mêmes scientifiques ont tenté de prouver que les requins bouledogue se déplaceraient également plus au large. Il apparaît donc totalement logique qu'ils soient moins présents dans une surface qui ne représente que 1/10 000 de l'espace maritime réunionnais.

 

  Ainsi, à la lueur de ces 3 données incontestables et vérifiables, il apparaît totalement fantaisiste et malhonnête de tenter de faire croire que des requins bouledogue pourraient passer la majeure partie de leur temps dans un espace aussi restreint, alors qu’ils sont connus justement pour se déplacer, affectionner l'eau saumâtre, allant parfois jusqu’à faire un tour de l'île en une journée.

 Dans ces conditions, une fois encore, cette étude réalisée par les mêmes scientifiques aux commandes de toute cette histoire constitue une nouvelle pirouette indigne, dans le but d'étayer la thèse selon laquelle la Réserve Marine n’aurait strictement aucun rôle dans la survenance des attaques de requins.

 Dans tous les cas, et ils le savent bien, l’impact principal dangereux de la Réserve n’est pas tant de "concentrer les requins bouledogue », mais bien de désinhiber les prédateurs vis-à-vis de l’humain, alors même qu’il s’agit d’un espace balnéaire très fréquenté.

 Ce phénomène naturel très connu chez les animaux sauvages a été mis en avant dans une étude bibliographique sur les effets d’une réserve marine publiée en 2001 à la Réunion, dans le cadre même des études préalables à la mise en place de la Réserve marine.

Ils n’ont jamais tenu compte de cette étude réalisée par Thierry Severin. Elle n’est jamais citée ni dans le programme CHARC à 800 000 €, ni dans cette dernière étude de 2019 de l’IRD, qui sert de référence à par Libération.

 Cette étude de Séverin n’est pourtant qu’une étude bibliographique, un recueil de constats de scientifiques internationaux[1]. Mais nos scientifiques locaux font tout pour l'ignorer et pire la décrédibiliser[2] car elle interroge directement sur leurs responsabilités...

 

 Il s’agirait quand même pas que celui-ci puisse servir de pièces à conviction le jour (on l’espère) où ils auront à répondre devant la justice…


[1] Voici quelques-uns des éléments mis en avant par cette synthèse de Séverin, confirmés par le bon sens et l’observation sur le terrain : « Diminution du stress [...] Effet refuge est le facteur le plus souvent décrit dans la définition de l’effet réserve [...] abondance concertant essentiellement les gros prédateurs (espèces étudiées) [...] Comportement reproducteur de groupe, favorise la reproduction [...] avec les meilleurs rendements [...] absence de dérives génétiques [...] Retour de certaines espèces [...] croissance rapide ainsi qu’une espérance de vie plus élevée permettent aux individus d’atteindre une taille moyenne et maximale plus impor­tante [...] concentration plus élevée d’adultes de grande taille [...] nouvel équilibre du fait de l’ab­sence de pression anthropique [...] autorise des comportements qui avaient disparu avec l’homme [...] l’homme n’intervenant plus en tant que prédateur, il n’est plus perçu comme une menace.[...] cette réoccupation concerne les habitats désertés à cause de leur trop grande accessibilité à la chasse sous-­marine ».

[2] Notamment avec en préambule, rajouté après 2011 dans le document mis en ligne : "Avis au lecteur : le présent document constitue un mémoire de stage professionnel et son contenu est sous la responsabilité exclusive de son auteur."